Le mois de décembre est bien entamé et, comme chaque année, c'est le bon moment pour dresser un bilan des albums qui sont sortis du lot en 2023 : The Lemon Twigs - "Everything Harmony"
Sur ce nouvel album, les petits frères géniaux de The Lemon Twigs ont décidé de mettre en avant les harmonies vocales des années 60.
Plus posé, plus acoustique, on pense immanquablement à Simon & Garfunkel ou aux Beach Boys quand on écoute "Corner Of My Eye" ou "Everyday Is The Worst Day Of My Life". Beau et original.
Zaho de Sagazan - "La Symphonie Des Eclairs"
Elle a été la coqueluche des médias en France. Et c'est mérité. Alliant des textes forts et des arrangements pop-électro très originaux dans l'univers musical hexagonal, Zaho de Sagazan a tout pour s'imposer dans les années à venir comme tête de proue d'une scène française moderne et de qualité.
The Waeve - "The Waeve"
Quand le couple Graham Coxon (Blur) et Rose Elinor Dougall (The Pipettes) s'associent musicalement, cela donne un disque empreint d'un charme romantique et torturé.
Les voix se complètent et s'harmonisent dans une ambiance pop électro mélancolique et le saxophone de Graham vient donner de l'intensité à l'ensemble comme sur l'incontournable "Sleepwalking".
RVG - "Brain Worms"
Du rock brut 80's emporté par le chant post-punk de Romy Vager. Un recueil de chansons aux mélodies efficaces qui se paye le luxe de comporter une petit chef d’œuvre, l'étrange et malaisant "Squid".
Temples - "Exotico"
Plus subtil et équilibré, fusion entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales, le groupe a su bien s'entourer pour produire leur nouvel album.
Temples revient à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
Cinq ans après son album "Rare Birds", une merveille de pop-folk psychédélique, et trois après Dixie Blur", qui nous avait un peu déçu,
Jonathan Wilson est de retour cette année avec "Eat The Worm".
Après une mise en route plutôt folk avec de petites touches
instrumentales un peu étranges, l'album prend véritablement son envol,
de manière assez brutale d'ailleurs, à la fin de "Hollywood Vape".
S'enchaînent ensuite "The Village Is Dead", le morceau le plus rock de
l'album, et un intermède plus acoustique, "Wim Hof", où basse et guitare s'entremêlent. Le
sommet arrive peu après avec "Charlie Parker", un titre où on sent
l'influence de Roger Waters (dont Jonathan Wilson est le guitariste
depuis plusieurs années) dans la mélodie et la structure.
Sans atteindre la perfection de "Rare Birds", "Eat The Worm" est donc une bonne surprise.
Sufjan Stevens - "Javelin"
Attention : pépite ! Sufjan Stevens nous a habitué depuis le début de sa carrière (en 2000, ça remonte) à nous offrir soit de très bons albums, soit des petits chefs d’œuvres ("Illinois", "Carrie & Lowell" pour ne citer qu'eux).
Le cru de cette année, "Javelin", pourrait bien basculer dans cette deuxième catégorie : le musicien américain bâtit un univers mélancolique et acoustique (guitare, piano, cordes, et des chœurs aériens enveloppant) où sa voix susurrée apporte une douceur soyeuse incomparable. Les chansons s'enchaînent dans la même ambiance apaisante ("Everything That Rises", "Will Anybody Ever Love Me?") pour le plus grand bonheur de la tête et des oreilles.
The Coral - "Sea Of Mirrors"
Guitare acoustique, violons, piano un peu bastringue... les arrangements
du dernier album de The Coral ont indéniablement tout du western à la Sergio Leone (à l'image de "Wild Bird" et "North Wind"). Cet univers digne d'Ennio Morricone pourrait constituer à lui seul un
argument de vente, mais ajoutez-y la patte du groupe avec ses mélodies
très travaillées et cette voix tellement mélancolique et vous obtenez une nouvelle fois un album indispensable. Le groupe de Liverpool prouve une nouvelle fois à travers des chansons comme "Cycle Of The Seasons", "Sea Of Mirrors" ou le très joli "Child of The Moon" qu'il est toujours au top de sa créativité malgré ses bientôt 30 ans d'activité.
The Beatles - "1962-1966" et "1967-1970"
Dans la foulée de la sortie du dernier single des Beatles "Now And Then", le groupe en profite pour proposer une version augmentée de ses deux compilations "1962-1966" et "1967-1970" aussi appelées les albums rouge et bleu. Version augmentée pour deux raisons : D'abord l'ajout de 21 chansons par rapport à la liste originale dont cinq issues de l'album "Revolver", un de mes meilleurs albums du groupe qui avait été assez injustement oublié lors de l'édition de cette compilation géante en 1973. Ces apports permettent de retrouver des titres comme "I Want You (She's So Heavy)", "Tomorrow Never Knows", "Here There And Everywhere" et "Hey Bulldog", des chansons qui, avec le temps, sont considérées comme parmi les meilleures des Fab Four. On regrettera quand même que l'album "Beatles For Sale" ne soit pas plus représenté notamment avec des chansons comme "No Reply" ou "I'm A Loser" qui auraient amplement mérité leurs places plutôt que des titres plus dispensables comme la reprise de "Roll Over Beethoven" par exemple (mais sans doute choisie pour inclure une chanson supplémentaire interprétée par George Harrison). Deuxième intérêt de cette réédition : toutes les chansons sont des remix récents en stéréo réalisés par Giles Martin. Ces dernières années, le producteur a retravaillé la majorité des chansons des Beatles de la période 1966-1970 mais on n'avait jamais pu entendre ce qu'il pouvait faire des chansons plus anciennes. C'est donc la compil rouge 1962-1966 qui s'avère la plus réjouissante. Des pistes dépoussiérées, une nouvelle balance stéréo avec basse et batterie plus présentes, les premiers tubes du groupe gagnent indéniablement en intensité comme "Twist and Shout" et "You Can't Do That". Seule "She Loves You", malheureusement, ne semble pas avoir pu bénéficier d'un bon toilettage (sans doute pour des raisons techniques) mais peu importe, on ne boudera pas son plaisir à réécouter toutes ces chansons dans de nouvelles conditions.
La sortie de ce nouveau (et ultime) single des Beatles (basé sur une maquette de John Lennon enregistrée dans son appartement en 1978) avait été annoncée de longue date et on la guettait avec une certaine curiosité mais sans réelle attente. Il faut dire que le dernier exercice dans ce style n'était pas passé loin de la catastrophe ("Real Love", un massacre pitché d'une magnifique ballade de Lennon). En 1995, Paul, George et Ringo avaient travaillé sur cette chanson et souhaitaient la sortir sur le troisième volet de leur projet "Anthology" mais la mauvaise qualité de la maquette les en avait décourager.
A la première écoute de "Now And Then", la critique vient facilement : on sent que les paroles ne sont pas vraiment abouties, les arrangements sont propres mais ne sonnent pas assez 60's. Et puis qu'est-ce que c'est que ce clip affreux avec toutes ces inclusions d'anciennes vidéos qui font passer les jeunes Beatles pour des Gif géants un peu benêts.
Mais au fils des lectures, la vidéo et la chanson prennent tout leur sens pour atteindre une dimension émotionnelle insoupçonnée.
Tout d'abord parce que, à travers sa voix, John Lennon semble s'adresser aux trois autres Beatles dans une sincère déclaration d'amitié avec même l'espoir d'une réconciliation qui malheureusement a pris fin en décembre 1980 sous les tirs de Mark David Chapman. Ensuite, lorsque Ringo et Paul reprennent avec lui le refrain, ce sont les deux Beatles toujours en vie qui disent à leurs amis disparus qu'ils leurs manquent... Et au final, ce sont tous les fans du groupe qui se sentiront liés par le sentiment que c'est le groupe entier, leur musique et leur insouciance qui manquent cruellement.
Ringo, Paul, George et George Martin en 1995
Côté musique, finalement, il n'y a pas grand chose à reprocher à "Now And Then". La mélodie est typique de Lennon et sa voix, isolée grâce à l'Intelligence Artificielle, est claire et nette (contrairement aux deux précédentes chansons ressuscitées, "Free As A Bird" et "Real Love", qui n'avaient pas pu bénéficier de cette technologie, obligeant les musiciens à jouer par dessus la maquette, de piètre qualité sonore, de Lennon). La basse de McCartney accompagne parfaitement le chant, Ringo assure une partie rythmique impeccable et les deux Beatles rejoignent John avec entrain de leurs voix un peu usées par l'âge. En plus du piano, rejoué presque à l'identique par Paul, la guitare acoustique enregistrée par George en 1995 a été conservée et Paul vient y ajouter un solo de guitare électrique. Les arrangements de cordes réalisés par Giles Martin sont particulièrement réussis et tout à fait dans le ton de ce qui aurait pu être produit par son père du temps de "Eleanor Rigby" ou de "I am The Walrus", ce qui permet d'apprécier le long intermède instrumental du milieu du morceau, avec en point d'orgue la reprise d'une partie des chœurs enregistrés pour "Because" qui s'intègrent idéalement à l'ouvrage. Donc, à défaut de sonner "Beatles 1960's", ça sonne en tout cas bien "Beatles 2020's".
Enregistrement de la vidéo de Hello Goodbye
Autre point d’accroche : le clip réalisé par Peter Jackson avec les multiples inclusions temporelles de vidéos issues de l'enregistrement du film promotionnel réalisé pour "Hello, Goodbye" en 1967. Sous un aspect un peu cheap, on se rend compte petit à petit que seules les versions "jeunes" des Beatles semblent s'amuser tandis que les deux Beatles "âgés", Paul et Ringo, les regardent avec un air emprunt de mélancolie. Cette mise en abîme visuelle à deux ambiances ajoute une immense nostalgie à la vidéo. Les dernières secondes du film sont particulièrement touchantes avec les photos des quatre Beatles qui défilent à rebours dans le temps jusqu'à leur enfance et le groupe qui s'incline une dernière fois pour saluer le public comme pour signifier que ça y est, le rideau tombe, il est temps de leur dire adieu.
Un hymne à l'amitié, un regard tendre et mélancolique vers le passé, des arrangements fidèles, les quatre Beatles musicalement réunis, le fils de George Martin à la production, le sentiment qu'une page se tourne irrémédiablement... On ne pouvait finalement rêver meilleur morceau pour conclure définitivement la carrière des quatre gars de Liverpool.
Nouvel album de Blur, de M83, des Rolling Stones, nouveau single des Beatles... C'est peu dire que les vieux ont la dent dure.
De nombreux groupes de plus de 20 ans reviennent eux aussi dans l'actualité de 2023
comme Slowdive avec "Everything Is Alive". Le groupe anglais nous
ressert le meilleur de son shoegazing avec des morceaux où synthés et
guitares, aux multiples effets réverbérés, remplissent l'espace dans
lequel le chant vient de temps en temps émerger. C'est beau, c'est
planant, classique dans ce style mais plusieurs morceaux ont
incontestablement ce petit truc en plus comme "Alife" ou "Shanty".
Retour
aussi du groupe Ash dont le premier album, "1977" avait cartonné en
Angleterre en 1996. 25 ans plus tard le groupe n'a pas changé et
revient, tel Simon Pegg dans "Le dernier pub avant la fin du monde",
comme si de rien n'était, avec le même son et la même power pop pêchu sur "Race The Night". Des tubes bien ancrés dans les 90's
comme "Usual Places", " Reward in Mind" mais aussi de très belles
ballades comme "Oslo" ou l'héroïque "Crashed Out Wasted" et ses
multiples solos de guitare.
Retour
un peu plus mitigé pour "Atta" de Sigur Ros. Les islandais nous avaient
émerveillés au début des années 2000 avec l'album "( )". On y retrouve
bien le style du groupe mais sans les temps forts que pouvaient avoir un
morceau comme "Festival".
Les américains de Cake aussi ont leur petite actualité.
Sorti
en 2001, l'album "Comfort Eagle" s'offre une édition spéciale en 2023 à
l'occasion de ses 20 ans, non 25, non... Peu importe, pas d'anniversaire à
fêter, juste le plaisir de réécouter ce qui a été le plus grand succès
du groupe Cake porté par le single "Short Skirt, Long Jacket" avec en prime deux inédits dont une version chantée de l'instrumental "Narco Arena".
Le groupe américain aura marqué son époque avec son style unique mélangeant rock indé, country et trompette mexicaine.
En
parallèle d'une déjà très riche carrière en groupe, notamment avec The Last Shadows Puppets (ou son groupe de reprises monté avec Matthew Bellamy, le Dr. Pepper's Jaded Hearts Club Band), Miles Kane mène une prolifique discographie solo.
Après un album très soft en 2022, Miles Kane revient cette année au rock pur et dur. Le combo guitare basse batterie est à l'honneur et le début de l'album nous apporte son lot de moments héroïques comme "Never Taking Me Alive", que Kasabian n'aurait pas renié, ou "The Best Is Yet To Come", Supergrass comme jamais.
Une
entrée en fanfare donc et le reste de l'album continue ainsi au milieu
d'influences rétro 60's et 70's chères au chanteur britannique qui peut
en plus toujours compter sur son sens inné de la mélodie qui fait mouche.
The Waeve - "The Waeve"
Avant
d'être un duo, The Waeve est avant tout un couple. Graham Coxon (guitariste de Blur) et Rose Elinor Dougall (membre du groupe The
Pipettes) sont en effet ensemble à la ville (comme on dit).
Alors
qu'on aurait pu s'attendre à de la britpop simple et efficace, leur
projet musical s'avère beaucoup plus ambitieux et expérimental.
Sur
des parties calmes au piano où Dougall vient poser sa voix céleste,
dans des arrangements vocaux qui rappelleront Jeanne Added à certains,
viennent se greffer des parties plus rythmées de Coxon (le premier
morceau "Can I Call You" en est le parfait exemple) autour de riff de
guitare ou de basse presque psychédéliques ("Sleepwalking", "Drowning").
Le saxophone, assuré par Coxon en personne, est parfait, accompagnant
chaleureusement les moments doux et accentuant ceux plus tourmentés
("Kill Me Again").
Et que dire des voix si ce
n'est qu'elles font des merveilles par leur contraste, entre celle très
pure de la chanteuse et celle plus neutre et posée de son alter ego
("Over And Over").
Une alchimie qui donne au disque un charme romantique et torturé.
Etienne Daho - "Tirer La Nuit Sur Les Etoiles"
Inutile
de présenter Etienne Daho, le parrain de la French Pop, artiste à la
longévité et la régularité exceptionnelles puisque, depuis le début des
années 80, il sort un album tous les 4 ans environ.
Alors que dire de "Tirer sur les étoiles", son 12ème disque ? Et bien, c'est un très bon cru !
La
touche "Daho" est toujours intacte, réussissant toujours à faire sonner
la langue française comme peu savent le faire. Côté arrangements, les
influences des années 70 et de Gainsbourg sont bien là que ce soit dans
la mise en avant de la basse que dans les orchestrations pop.
Après
un premier morceau, "Tirer la nuit sur les étoiles", qui est presque le
titre le moins intéressant du disque malgré la présence de Vanessa
Paradis, dès le deuxième titre les excellents morceaux s'enchaînent le
long de mélodies très soignées alternant jolies ballades ("Boyfriend",
"Le Phare") et morceaux électro-pop (l'impeccable "Virus X", "Le Chant Des Idoles").
Yves Tumor - Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume Or Simply, Hot Between Worlds
Yves Tumor est un artiste complètement inclassable et ce 5ème album ne va pas arranger les choses.
Dans un mixage particulièrement riche (sans être foutraque), Yves Tumor parsème ses morceaux de petites touches de rock, d'électro, de soul,
de punk, de trip-hop, de psychédélisme, de R'n B...
Bref, l'artiste est en pleine période de créativité intense et en totale liberté.
Les premiers morceaux baignent dans une ambiance électro-rock où les
guitares saturées sont très présentes ("God Is A Circle"), son chant rappelant parfois
le timbre vocal de Lenny Kravitz ("Meteora Blues").
Le très shoegaze "Heaven Surrounds Us Like A Hood" marque une transition
vers une deuxième partie d'album plus expérimentale mais toute aussi
intéressante avec des influences allant des Flaming Lips ("Purified By
The Fire") à The Weeknd
Bientôt 25 ans de carrière pour le groupe français M83 derrière
lequel se cache principalement Anthony Gonzales. Ce 9ème album,
sobrement appelé "Fantasy" arrive peu de temps après la réédition du
mythique "Hurry Up, We're Dreamin" qui avait cartonné en 2011 en
récoltant des disques d'or un peu partout dans le monde...
... Et notamment au Royaume-Uni où nous avons eu la chance de
les voir en live, dans la célèbre Roundhouse à Londres, en
juin dernier ! Un concert qui a malheureusement
souffert de gros problèmes de
réglages de son pendant une bonne partie du show avec des instruments saturés à la limite du supportable.
Mais retour à l'album "Fantasy" donc. Première constatation : M83 sait toujours faire du bon M83 et ça
c'est cool. Appelez-ça Synth-pop ou Shoe-Gazing, en résumé synthés,
musique électro et guitares se mélangent et font monter la sauce le
long de morceaux en grande partie instrumentaux.
Si le groupe fait bien le job, quelques titres viennent magnifier
l'album comme "Oceans Niagara", qui lance véritablement la machine,
l'aérien "Us And The Rest" et les doux "Radar, Far, Gone" et
"Deceiver".
Half Moon Run - "Salt"
Le groupe canadien Half Moon Run fait partie de ces groupes qu'on
aime bien suivre. Leurs disques sont toujours bien arrangés, avec un
soin qui prouve tout le respect que les musiciens ont pour leurs
fans.
Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle et on retrouve le son qui
les caractérise : cette atmosphère majoritairement acoustique où
guitares et chant s'associent pour baigner l'auditeur dans une douce
mélancolie.
Le travail sur les voix (effets, chœurs...) est un des points forts
du groupe et encore une fois on se trouve bercés par de superbes
mélodies comme sur "Everyone's Moving Out East" et "Heartbeat"...
Des morceaux aux fortes influences de Radiohead viennent souvent
s'inviter sur leurs albums et, pour "Salt", c'est le morceau
d'ouverture "You Can Let Go" et "9beat", qui portent énormément la
patte du groupe de Thom Yorke (mais est-ce un mal ??).
RVG - " Brain Worms"
Avec "Brain Worms", les australiens de RVG signent un album de rock brut.
Des
chansons courtes, un son incisif, des guitares électriques sans effets
superflus, de petites touches de synthés... Rien de vraiment
révolutionnaire s'il n'y avait les textes et l'interprétation de Romy
Vager (qui donne le nom au groupe RVG, Romy Vager Group).
Après
un calme morceau introductif, "Common Ground", un peu en trompe l’œil,
l'album démarre avec "Midnight Sun" et s'enchaîne avec de belles
ballades
"It's not easy", " You're The Reason", et
des titres au tempo plus relevé ("Nothing Really Changes", "Brain
Worms") dans un style rock 80's à la REM ou Siouxsie and The Banshees
mais avec un chant aux accents post-punk.
"Squid"
est le monument de cet album : un morceau qui monte tout doucement
autour d'un riff hypnotique et des paroles étranges (la chanteuse se
transformant en calmar) où le malaise règne.
Michael Jackson - "Thriller (40)"
Si
l'album "Thriller" sort à la fin de l'année 1982, c'est véritablement
en 1983 (il y a 40 ans, d'où le titre de cette réédition) que le
raz-de-marée Michael Jackson va déferler sur la planète avec les sorties
des singles "Billie Jean", "Beat It" et "Thriller". A partir de ce
moment, le monde de la musique change et il ne se passe plus une fête
sans qu'une ou deux personnes essaient héroïquement de faire quelques
pas de moonwalk ou de danser en groupe comme des zombies.
9
titres, 7 singles (étonnamment le premier single issu de l'album est le
très classique duo avec Paul McCartney "The Girl is Mine"), 66 millions
d'exemplaires vendus, et un mélange soul, funk, rock pop qui n'a pas
pris une ride.
Mais tout l'intérêt des albums "anniversaire"
réside, on le sait, dans les titres bonus et, à ce niveau, même s'il n'y
a rien de véritablement inédit, on est plutôt gâtés : 10 titres
travaillés pour l’album mais non retenus alors que certains sont plutôt
de bonne facture, ce qui prouve non seulement la créativité du chanteur
mais également sa recherche de perfection.
Mais c'est l'écoute des démos
qui s'avère la plus intéressante : les versions enregistrées à la
maison de "Billie Jean", "Beat It" ou "Wanna Be Startin' Somethin'" sont
ainsi très proches, dans l'esprit en tout cas, du résultat final. Cela
fait relativiser les propos récents de Quincy Jones qui revendique la
paternité des idées d'arrangements.
Une réédition parfaite donc pour les fans et les curieux.
Lorsque les Lemon
Twigs annoncent un nouvel album, on trépigne d'impatience. Mais
quand en plus, on nous dit que cet album est un hommage aux harmonies
vocales des années 60 à la Beach Boys, on ne tient plus du tout en
place !
Le groupe des frères
D'Addario nous a habitué au fil de ses différents albums à une
ambiance musicale rétro et une musique pop souvent très barrée. Et
c'est toujours le cas dans "Everything Harmony".
Mais, pour ce nouvel
opus, le groupe se pose un peu plus en mêlant toujours avec plaisir
mélodies complexes et structures musicales alambiquées.
Alternant morceaux
mélancoliques ("Everyday Is The Worst Day Of My Life") et
morceaux pop euphoriques ("In my head"), ce sont bien les
harmonies vocales qui sont à l'honneur... et quel travail sur les
voix ! Chœurs, canons, unisson, harmonies à 2,3,4 voix... Ca
caresse notre oreille en nous évoquant Simon & Garfunkel ou
Crosby, Stills, Nash & Young.
Le groupe se fait
plaisir et nous fait plaisir, "Everything Harmony" a tout
du feel-good album comme on les aime.
Si tout est bon, on
retiendra particulièrement "I Don't Belong To Me" et
ses splendides arrangements de cuivre, le doux et totalement folk "Corner Of My Eye" et "Everyday Is The Worst Day Of My
Life" avec ses magnifiques chœurs dans la partie finale du
morceau.
Arlo Parks - "My
Soft Machine"
En 2021, Arlo Parks
mettaient toutes les critiques d'accord avec l'étonnant "Collapsed
In Sunbeams".
Vient l'exercice
tant redouté du second album où il faut confirmer tout en se
renouvelant.
Sur "My Soft
Machine", la chanteuse a décidé de garder les mêmes recettes
que pour son précédent album, à savoir un subtil mélange de soul,
de trip-hop et de pop... et c'est tant mieux !
C'est en effet
l'occasion de retrouver de belles ballades ("Purple Phase")
et des chansons qui groovent ("Blades", "Weightless")
dans des arrangements à la fois modernes et feutrés où la voix
toute en fragilité de la chanteuse apporte une douceur particulière.
Un terrain connu
fort agréable donc qui réserve néanmoins quelques surprises comme
"Devotion", son riff de guitare et son final de guitares
saturées.
Talent de Arlo Parks
: confirmé !
Jain - "The
Fool"
Après les rythmes
africains de son premier (et excellent) album, Jain revient avec un
disque en forme de déclaration d'amour à la musique de la fin des
années 70.
Derrière une
pochette très flower-power, le contenu s'avère finalement très
moderne.
L'album alterne
entre deux types de chansons : celles taillées pour la radio ("Night
weights", "Take A Chance"...), pour la plupart des
mélodies simples passées à l'inévitable sauce disco actuelle
(Grrr), et celles où la chanteuse semble vouloir proposer autre
chose : le pop "The Fool", "Maria" avec sa
guitare acoustique et ses synthés années 80, le planant et truffé
d'effets "To Other People", "Fallin" et ses
arrangements au synthé.
On finit par zapper
les premiers pour se concentrer sur les autres.
Dans l'ensemble la
production est excellente et les arrangements, qui sentent bon les
années 70 et 80, originaux pour de la pop origine France. Mais
l'ensemble laisse un certain goût d'inachevé.
Daft Punk - "Random
Access Memories - Edition 10ème Anniversaire"
10 ans déjà ! Il y
a 10 ans, le raz-de-marée Daft Punk déferlait sur le monde entier
avec "Random Access Memories" et son tube "Get Lucky"
chanté par Pharell Williams.
Pour fêter ça, le
groupe ressort l'album accompagné de 9 titres bonus inédits.
Constitués principalement de démos et de versions de travail (il
n'y a que deux morceaux réellement inédits dont l'excellent "Horizon"
sorti sur la version japonaise de l'album en 2013), l'écoute de ces
bonus permet de découvrir l'évolution et la genèse de certains
titres (notamment les paroles de "Fragments of Time" qui se
bâtissent au cours d'un long échange oral). Sans être
indispensables, ces 9 inédits sont en tout cas suffisamment avancés
pour être plaisants et intéressants à écouter.
Si l'album à
l'époque avait conquis la planète, il avait aussi divisé les fans
de la première heure. Finis le homework et les boîtes à rythmes,
"Random Access Memories", dans un nouvel élan d’hommage
à la musique des années 80, faisait la part belle aux musiciens et
aux collaborations. Et quelles collaborations ! Nile Rodgers, Giorgio
Moroder (pour une originale chanson-interview), Paul Williams
(l'inoubliable Swan de du film "Phantom of The Paradise"),
Julian Casablancas... Il y a du beau monde. Entre tubes devenus des
classiques ("Get Lucky" et "Instant Crush" bien
sûr) et chansons plus douces ("Game of Love"), le sommet
de l'album est sans doute "Touch" et son apothéose finale.
Le groupe d'electropop anglais Metronomy était en concert a Brooklyn le 2 mai 2023. Il s'agissait d'un concert initialement prévu en octobre 2022 et reporté.
Le lieu: excentré! Après avoir traversé Williamsburg, qui a perdu son coté Hipster d'avant garde, et alterne désormais banques et dispensaires de cannabis, on rejoint en metro une zone industrielle d'import export. On est loin du Brooklyn des brownstones, mais pourquoi pas.
On traverse les voies ferrées sans trainer et on laisse passer les camions qui se relaient pour charger des marchandises venues d'Asie. Un ancien entrepot, la place ne manque pas. On s'attendrait à une ambiance très froide et industrielle, mais le miracle des éclairages et la bonne humeur du public donnent à la salle un coté chaleureux.
Le public: un bon mélange: des branchés mais pas que, beaucoup d'europeens, des jeunes et des vieux.
La premiere partie: deux sœurs venues d'une famille mormon du Montana qui faisaient un peu de provoc et beaucoup d'electro.
Le concert de Metronomy: Les tubes de 2010 (the Look, The Bay, Everything goes my way, etc.) marchent toujours aussi bien, meme si les versions live sont plus brouillon que sur les albums. Les autres chansons plus récentes retiennent moins l'attention.
Le gros plus: les groupes européens continuent a se produire dans des salles relativement petites aux US, ce qui donne la possibilité d'approcher facilement la scène.
Un moment sympa, et l'occasion d'une escapade a Brooklyn, même si on était pas au concert du siècle ou de l'année.
Lorsque
Temples sort son album "Sun Structures" en 2013, le groupe est alors à la
pointe du renouveau psychédélique avec Tame Impala. Dans leurs deux
albums suivants, les Britanniques auront essayé d'explorer d'autres
directions, toujours aussi psyché, mais moins ancrées dans le passé dont
le résultat était excellent mais pouvait parfois sembler indigeste dans
sa surproduction d'effets et de synthés.
Avec
ce nouvel album, "Exotico", le groupe veut frapper encore plus fort et
il s'est fait aidé pour cela à la production par deux références du milieu : Sean
Lennon (The Claypool Lennon Delirium) et Dave Fridmann (The Flaming Lips,
MGMT).
Et le résultat est là. Toujours aussi barrés, les morceaux sont aussi plus subtils et équilibrés, fusion
entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des
riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales.
"Cicada"
et "Meet your Maker" nous plongent dans des influences indiennes, "Slow
Days" est léger et entraînant, "Gamma Rays" et "Inner Space" surfent
sur une basse groovy tandis que "Crystall Hall" s'articule autour d'une
guitare rock très 70's, et quelques titres plus doux font respirer
l'album ("Giallo" et ses magnifiques synthés).
16
morceaux et près d'une heure de musique, on peut dire que de ce côté là
le groupe n'a pas fait dans la mesure mais vu la qualité des morceaux on
comprend que le choix d'en retirer certains a dû paraître difficile.
Temples revient donc à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
Andy Shauf - "Norm"
Le
chanteur canadien Andy Shauf, encensé par les critiques depuis son album concept
"The Neon Skyline", et souvent considéré comme un des artistes les plus
talentueux des années 2020, sort un nouvel album conceptuel autour d'un
personnage normal dont les obsessions pour une femme deviennent de plus
en plus inquiétantes.
Au service de cette cause, des
morceaux lents et une ambiance chaude, feutrée et douce : guitare
acoustique, cordes, piano, cuivres et petites touches de synthés.
Mais
surtout une voix incroyable, aiguë et tout en retenue, comme envoyée
dans un souffle. Cette respiration fait particulièrement son effet sur
"Telephone" et "Long Throw" mais tout l'album baigne globalement dans
cette langueur mélancolique et apaisée ("Wasted On You", "Paradise
Cinema")
Un album splendide à ne pas rater.
dEUS - How To Replace It
C'est le grand retour des belges de dEUS !
Après
un morceau introductif où le groupe met le paquet pour nous rappeler
toute sa créativité (sons étranges, percussions tribales, voix chuchotée), l'album
se poursuit dans une veine plus classique Rock où les guitares ont la
part belle mais en mêlant intelligemment les influences dans des
arrangements fouillés :
Indie-pop avec l'excellent "Man of the house" où basse synthés dominent,
80's avec le bien nommé nostalgique "1989", électros 90's avec des morceaux plus parlés comme "Simple Pleasures" et son riff de basse groovy... et le Rock des années 2000 bien sûr !
Après
une ballade piano voix (seule et unique) qui semble clore l'album,
surprise c'est la chanson "Le Blues Polaire" qui termine le bal. Un titre
complètement à part : en français, parlé, presque improvisé. Une manière de montrer que dEUS peut encore nous surprendre.
Zaho de Sagazan - La symphonie des éclairs
Zaho de Sagazan, Zaho de Sagazan... Les médias ne parlent plus que d'elle, présentée comme la nouvelle Barbara, le retour aux grands interprètes.
Et c'est vrai que l'écoute de son album "La symphonie des éclairs" est une vraie claque dans le monde de la chanson française.
Pour
ses textes déjà, bien au-dessus de la moyenne, c'est sûr. Qu'elle aborde
des thèmes de la vie quotidienne comme l'addiction ("Aspiration"), les
conjoints toxiques ("Les dormantes"), la dépression ("Tristesse") ou des
thèmes plus abstraits et poétiques ("La Fontaine de Sang", "La
symphonie des éclairs"), Zaho de Sagazan a non seulement le sens de la
formule qui touche, au milieu de textes riches, mais également une manière de
les faire vivre qui rappelle les grands noms de la chanson française.
Mais
c'est surtout côté musique que se trouve la force de la chanteuse qui
ne s'est pas contentée d'une bande son minimale pour accompagner ses
textes, bien au contraire.
Les arrangements,
principalement électroniques, sont dans l'air du temps et convoquent
parfois des rythmes que n'aurait pas reniés Stromae ("Tristesse"). Mais se limiter à cette comparaison serait faire fausse route car la chanteuse est également passionnée par les sons de synthés des années
80 (krautrock et synthwave) et ça se ressent sur des morceaux comme
"Suffisamment", " Mon corps" et "La Fontaine de Sang" où les sonorités
de synthés vintages sont omniprésentes.
En faisant
le lien, dans ses textes et sa musique, entre différentes époques, des
années 60 à aujourd'hui, l'album de Zaho de Sagazan est un vrai tour de
force.
Elevé à la pop et au rock des années 60-70-80, j'ai longtemps
considéré la musique électronique comme quelque chose sans grand intérêt,
voir quelque chose ne pouvant même pas avoir le statut de musique du tout. Un truc à la
rigueur tolérable en boîte de nuit (et encore je retournais exprès
m'asseoir sur une banquette pendant les séquences de Techno).
Le début
des années 90, c'était l'émergence de la Dance et de la Techno.
Et, en pleine adolescence à cette époque, j'étais ouvertement
entré en résistance contre ce style de chansons. La "vraie"
musique se devait d'être jouée avec de "vrais"
instruments : guitare, basse, batterie, claviers, cordes, cuivres...
Pas d'instruments, pas d'âme.
...et moi je danse le mia...
Mais l'année 1997
va tout changer.
En quelques mois
vont débarquer sur les ondes le premier album de Daft Punk
("Homework" et l'homme-chien plâtré de "Da Funk"),
celui de Air ("Moon Safari" et la peluge-singe de "Sexy
Boy") et le quatrième album de Björk, "Homogenic".
Björk je
connaissais déjà un peu avant "Homogenic". D'ailleurs
quand on me faisait le reproche que je n'aimais pas la musique
"Dance", je répondais : "Mais si, j'aime bien
"Violently Happy" de Björk". Dire que j'aimais
était sans doute un peu exagéré. Mais je trouvais cette chanson étrange
et intéressante en tout cas. Bon bien sûr, avec
le recul, je mettais quand même Björk et Dr Alban dans le même
panier.
En 1997 donc, Björk
sort l'album "Homogenic" que je découvre avec le single
"Bachelorette" mis en images par Michel Gondry. Un clip
incroyable (avec une mise en abîme qui efface petit à petit les
identités des personnages) pour une chanson incroyable (les cordes,
le rythme, la voix). Une énorme gifle
visuelle et auditive qui m'a poussé à me procurer l'album par
curiosité.
One day I found a big book...
Et dès la première
chanson, "Hunter", la magie opère. Des basses profondes et
la voix de Björk qui monte, module pour nous amener dans sa folie. Après cette
splendide entrée en matière, arrive "Joga" et sa pop
électronique prend alors une tournure plus symphonique, mais
toujours portée par un chant aérien. La mélancolie de
"Unravel", la chanson suivante, est bouleversante. Thom
Yorke la décrira comme une des plus belles chansons qu'il ait
entendue. L'album continue
ensuite avec le chef d'oeuvre "Bachelorette", puis "All
Neon Like"... et se termine en beauté avec un morceau qui
résume à lui seul tout ce qu'on peut penser de cette oeuvre : "All
is Full of Love". Un disque qui déborde d'émotions.
"Homogenic"
a été un tournant. Après cet album,c'est avec une certaine fierté que je pouvais affirmer : "Oui j'aime la musique électronique !"
(mais ne me mettez toujours pas du Dr Alban s'il vous plaît)
Si on est
à l'affût des nouveautés sur ce blog, c'est typiquement pour découvrir
des albums comme "Compact Trauma" ! Des morceaux comme "The Sheer Drop"
avec une première partie chantée (classique mais déjà excellente) puis une deuxième,
instrumentale, en rupture complète, toute en tension, viennent confirmer
que la musique, et le rock en particulier, a encore de l'avenir. Mélange
de rock énervé et psychédélique, le groupe aime d'ailleurs découper ses
morceaux en parties vocales et instrumentales. Ce sera le cas sur la
plupart des titres de cet album. Au programme, des riffs
percutants ("
"Disbanksrealism", "Compact Trauma", "If The Wheels Are Coming Off, The Wheels Are Coming Off") et des arrangements originaux et inspirés ("Lounge Angst", "No Design")... A écouter d'urgence !
Inhaler - "Cuts & Bruises"
Voilà un groupe de rock à guitares comme on les aime. C'est pop, ça pétille et c'est diablement efficace.
Avec
une longue succession de tubes imparables, les irlandais de Inhaler
devraient une nouvelle fois créer la sensation dans les festivals cette
année.
On sait que le talent n'est pas
génétiquement transmissible et pourtant à la tête du groupe on retrouve
le fils d'un autre illustre irlandais : Bono himself !
Même
si Inhaler ne révolutionne pas le genre, ce second album apporte son
lot de petits arrangements ou bruitages qui font la différence,
notamment des petits buzz de distorsion qui mettent dans l'ambiance
(rock'n roll !).
King Tuff - "Smalltown Stardust"
Derrière
King Tuff se cache Kyle Thomas, un vieux de la vieille ayant collaboré à
plusieurs projets avec Ty Segall notamment. Avec "Smalltown Stardust",
son deuxième album solo, c'est le pop-rock 70's qui
est à l'honneur. Dès la première chanson "Love Letters To Plants", avec
ses synthés et ses superbes chœurs réverbérées, on sent qu'on va
naviguer dans des eaux agréablement rétro. Les chansons suivantes nous
donnent raison avec ses guitares électriques très dry ("How I Love",
"Smalltown Stardust"), ses paroles hippies ("Portrait of God", "Rock
River") et ses quelques incursions folk (Pebbles in a Stream", "Tell
me").
Un beau disque à écouter sans modération.
Albin de la Simone - "Les cent prochaines années"
Comme
pour fêter ses 20 ans de carrière, le français Albin de la Simone sort
cette année un 7ème album qui fait l'unanimité des critiques.
Un
album tout en douceur comme à l'accoutumée. Doux à travers ses textes
ciselés de jeune quinquagénaire qui porte un regard tendre et sage sur
sa vie et sa famille ("Petit petit moi", "Ta mère et moi"). Doux dans
sa musique aux sonorités chaudes et acoustiques. Doux dans ses mélodies
et dans sa voix d'homme fier de sa fragilité ("Merveille").
Chaque chanson est un petit bijou de tranche de vie normale.
Voici revenus les français de Agar Agar qui nous avait conquis avec leur premier EP et les petites pépites électro "Prettiest Virgin" et "You’re High". "Player Non Player" n’est pas qu’un simple album, il est en effet accompagné de tout un univers visuel autour du jeu vidéo (pas encore sorti malheureusement). Côté musique, c’est du 100% synthé et programmation. Autour de sons étranges, Agar Agar poursuit son exploration à la limite entre expérimentation et chanson. Le groupe part à la recherche de nouvelles sonorités ou de façon de chanter ("Dragon", "No pressure") mais il n’oublie pas de proposer, et c’est un peu leur marque de fabrique, des morceaux au rythme chaloupé, sans être totalement dansant, mais en tout cas souvent envoûtant ("Dragonlie", "Fake Names"). Ils sont en cela bien aidés par la voix délicatement monocorde de Clara Cappagli qui, avec un certain sens de la formule dans les paroles, apporte un côté hypnotique à leur musique ("Trouble").
Papooz - "None of This Matters Now"
Retour sur le troisième album du duo français Papooz sorti en cours d'année 2022. L’album n’avait pas été chroniqué l’an dernier mais il n’est jamais trop tard pour bien faire comme on dit. Papooz c’est de la pop folk song paisible et rétro style début des années 70, avec des guitares à la Crosby Stills Nash and Young. Bienvenus donc guitare slide, trémolo et piano, véritables armatures de leur son ("None of This Matters Now", "Twilight of Your Mind"). La voix androgyne de Ulysse Cottin vient se poser sur des arrangements simples enregistrés, selon les dires du groupe, en condition de live et renforcés par de magnifiques murs de chœurs en re-recording ("Hell of a Woman"). Un nouvel album qui confirme tout le talent de Papooz.
Mozart Estate - "Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping"
Décrire ce disque est quasiment mission impossible. Le mieux est de l'écouter du début à la fin. C'est de la pop mais alors de la pop ultra perchée. 16 petits morceaux concentrés de moments complètement fous : des chœurs dans tous les sens, un melting-pot d'influences musicales, dans une ambiance de comédie musicale hystérique qui file à 100 à l'heure. Le genre de disque génial mais tellement pas sérieux dans sa forme qu'on n'ose pas dire qu'on l'aime. Derrière ce disque un peu frappadingue se cache Lawrence Hayward qui sévit sous plusieurs pseudos ou groupe depuis les années 80, donc tout sauf un débutant. Si vous avez envie de découvrir, allez vous mesurer à "I’m Gonna Wiggle" ou "Relative Poverty"... au risque de plonger.
Mac DeMarco - "Five Easy Hot Dogs"
Mac DeMarco, producteur, compositeur, chanteur canadien à l’univers décalé, avait marqué les esprits avec son premier album "Salad Days" en 2014 et notamment avec l’inoubliable "Chamber of Reflection". 9 ans et quelques albums plus tard, il revient cette année avec un concept instrumental qui lui correspond bien. Sorte de musique d'ambiance, le disque prend la forme d'un carnet de route enregistré le long d'un road-trip californien. Accompagné uniquement d'une guitare acoustique, d’une basse et d'un synthé bon marché, Mac semble nous conter, de manière simple et ultra épurée, l’ambiance de son voyage autour de mélodies douces et légères et surtout, toujours avec ce son, cette tessiture étrange à la limite de la justesse. Avertissement aux néophytes : gardez l'esprit ouvert car, de part son concept, les arrangements sont si minimalistes que le résultat final ressemble parfois à des ébauches encore à l’état de maquette.
Hallelujah :
la pop-rock anglaise est toujours active et inspirée !
Gaz Coombes vient en
effet de sortir son nouvel album, « Turn the Car Around », prêt de 5
ans après l’excellent « World’s Strongest Man », qui apparaissait
déjà comme un disque mature, brillant et destiné à rester dans les oreilles. La
gueule d’ange British, qui a pris le risque de tester un nouveau chemin après
presque 20 ans de bons et loyaux services avec Supergrass, creuse son sillon
avec style, abnégation et modestie. A l’occasion d’un concert accompagnant sa
tournée de release de l’album précédant, Chris et Thom (la section rythmique de
Pluto Intelligence Agency, NDLR) avaient bu une bière avec lui à la sortie d’un
concert New Yorkais... Peut-être une exception à la règle, mais ce type – né dans
les années 70 (comme pas mal d’entre nous) – n’a pas la grosse tête et se fait
plaisir avec sa musique sans trop se soucier (apparemment) du reste, et c'est sympa de voir qu'il y a des types aussi cool dans la musique...
[Chris et Thom (avec des lunettes: facile) de Pluto Intelligence Agency avec Gaz Coombes, New York, NY, 2018]
Entouré de pas
mal d’auxiliaires (en partie son groupe de tournée et des choristes) Gaz Coombes assure
tout de même les vocaux, les guitares, les claviers et pas mal de parties de
basse et de batterie à lui tout seul, sans compter la production, qui apporte
un vernis superbe sur l’ensemble du disque… Enregistré à Oxford (quoi de mieux ?)
« Turn the Car Around », avec ses 9 titres (seulement), est dense et particulièrement
homogène dans le son, dans la voix lead et dans l’ambiance, très seventies. Les
efforts payent tous les étages : les lyrics sont fouillés, le chant est travaillé
et les arrangements font mouche à chaque coup ! A la première écoute,
seuls quelques titres – rythmés – accrochent l’auditeur/trice mais c’est le
signe d’un grand disque : après plusieurs passages, on découvre plein de détails
qui révèlent la qualité d’écriture et d’enregistrement de chaque morceau. Le
style général est moins « rentre-dedans » que son opus précédant (qui
portait son lot de pépites, comme « wounded Egos », « Weird
Dreams » ou « World’s strongest Man ») et on a ici à faire à des
choses plus subtiles, avec de belles balades pop, folk, rock, parfois glam-rock,
toujours avec cette voix si caractéristique et qui se place parfaitement. Le
son, les effets et les arrangements évoquent un beau mélange entre Bowie, les
Beatles, Scott Walker (dont il parle dans « Dance on » et qui lui avait
déjà inspiré « World’s Strongest Man »…) mais aussi Radiohead et Neil
Hannon, pour mixer les générations (et mes propres références).
Tous les titres s’écoutent
et se dévoilent avec plaisir, sans jamais agacer ou lasser, et certains gardent
(encore) une trace Supergrass, comme « Long live the Strange » ou
« Feel Loop », qui a aussi un côté Thom Yorke assez poussé dans le
style de chant et dans le riff de guitare… et le superbe « Turn The Car Around » (avec ses
enchaînements à tiroirs, ses guitares passées dans une leslie bien vintage, son glockenspiel
et son clavicorde !) évoquant plutôt la période « Road to Rouen ».
Pour moi, il y a
deux titres qui surpassent le reste: d’abord « Don’t Say It’s Over »,
avec son rythme nonchalant, sa basse traînante et ses arrangements à la limite
d’un disque de soul: il reste des guitares (superbe solo higain + tremolo,
ambiance sixties garantie !) mais on est noyés dans une reverb lourde, des
synthés et claviers très 70s (piano surcompressé, string-machines, mellotron)
et le morceau est vraiment porté par son chant très réussi et soutenu par des chœurs
féminins superbes…
Enfin, « Dance
On » est exactement le titre qu’on pouvait attendre à la fin d’un disque
aussi réussi : ça commence (et ca fini !) comme une belle ballade folk
- genre Macca période Wings - à la guitare acoustique et à la ligne
de basse haut perchée et mélodique mais les refrains changent la donne avec grosses
guitares, nappes de strings (mellotron ?) et surtout des changements d’accords
particulièrement originaux. Assurément ma préférée...
L’ex leader de
Supergrass signe peut être ici son meilleur opus solo, superbement réalisé et
arrangé: ça reste serré, ca déborde jamais, c’est même presque intime et
chaque titre accroche les oreilles comme il faut. Merci Gaz, we love you:
long live Gaz Coombes!
Après presque 30
années d'existence, Belle & Sebastian reviennent avec un 11ème
album flamboyant.
C'est entraînant,
assez classique dans les arrangements mais jamais ennuyeux, le groupe
multipliant intelligemment les bons plans pop (riff mélodique, clap,
chœurs, mélange d’instruments rock et traditionnels...) et les
styles.
L'album commence
très fort avec "Juliet Naked" morceau rock et épuré très
70's avec son thème joué à la flûte. D'autres morceaux plus
pop-guitares comme l'excellent "When You're Not With Me" et
de jolies ballades comme "When We Were Very Young" prennent ensuite la relève.
Le
mélange des voix de Stuart Murdoch et Sarah Martin fait également
des merveilles ("Give a Little Time").
Dans cette période
morose, ces 11 chansons font du bien !
Kiwi Jr. - "Chopper"
Troisième album en
3 ans pour le jeune groupe canadien Kiwi Jr.
Voilà un son qui
sent bon le début des années 2000 : un chant typé "brit
pop" et des guitares rythmiques qui font immédiatement penser
aux Strokes.
Le tout serait donc
assez classique s'il n'était pas agrémenté de synthé moog et
d’échos parfois psychédéliques.
Et impossible de
résister à cette musique ultra cool à l’image de "Unspeakable
Things" et son intro impeccable, le tubesque "Night
Vision", et le morceau à tiroir "Contract Killers".
Weezer – "Sznz:
Winter"
Voici donc le
dernier opus des 4 saisons de Weezer. Avec "Spring",
"Summer" et "Autumn" et maintenant "Winter",
ce sont 28 nouvelles chansons que les américains nous ont offerts sur une période d'un an.
Si les albums
précédents "OK Human" et "Van Weezer" étaient
clairement des exercices de style, le premier tourné vers la pop
orchestrée des années 60 (Beach Boys, Beatles) et le second vers le
heavy metal, Weezer est revenu a son power-rock sur le projet
"Seasons (SZNZ)".
Ce nouvel opus
apporte encore une fois son lot de moments épiques comme "I
Want A Dog", "The Deep And Dreamless Sleep" mais aussi
des passages en douceur comme le très harmonieux "Sheraton
Commander" (adaptation d'une œuvre classique de Tomaso Giovanni Albinoni).
Avec plus de 30
années d’activité (eux aussi), Weezer tient toujours la route !
Gaz Coombes - "Turn
The Car Around"
La sortie d'un
nouvel album d'un ancien de Supergrass est toujours très attendue,
le groupe étant considéré par beaucoup comme le meilleur groupe
des années 90.
Etant un grand fan
de Supergrass et du précédent album de Gaz Coombes, l’excitation
était donc à son comble pour accueillir "Turn The Car Around".
A peine sorti,
l’album est téléchargé mais, horreur, seulement 9 chansons !
Qu’on se rassure,
la petite déception est vite oubliée après quelques minutes
d'écoute car l’attente était à la hauteur de la réussite de cet
album et il y a fort à parier que des morceaux comme "Long Live
The Strange", Feel Loop (Lizard Dream)", "Not The Only
Things" et "Dance On" vont revenir régulièrement sur
nos playlists.
Pour l’occasion,
un article plus détaillé est à venir sur ce blog.
Garbage – "Anthology"
On profite de cet
article résolument tourné dans le rétro pour saluer la publication
de "Anthology", un recueil de 35 chansons de Garbage, ce groupe
incontournable de la fin des années 90 avec de petits chefs d’œuvres
issus notamment des albums "Garbage" et "Version 2.0".
"Queer",
"Stupid Girl", "Push It", "I Think I’m
Paranoid" n’ont pas pris une ride et "Milk" sait
toujours aussi bien vous amener malgré vous vers des rivages
mélancoliques.