24 nov. 2022

Gaspard Royant, Jeanne Added et Kids Return : la scène française en pleine inspiration

Gaspard Royant - "The Real Thing"

Après Julien Ribot l'an dernier, voici un autre français qui sait sacrément bien faire de la pop-music (en anglais je précise).
 
Gaspard Royant en a compris les codes  et sait les maîtriser pour apporter ce qu'on en attend : du plaisir !
 
Guitares, synthés, orgue, cuivres, handclaps, pléthore de choristes façon gospel, de changements de rythmes, et des mélodies enjouées irrésistibles à reprendre en chœur. 
 
Ces petits bonheurs s'enchaînent à toute vitesse : "To The Stars", "The Real Thing", "Message of Love", "More", "We Wanted The World"... 
 
Difficile de trouver quelque chose qui ne va pas. D'ailleurs on n'a pas trouvé !


Jeanne Added - "By Your Side"

Un nouvel album de Jeanne Added, voilà une actualité musicale qui fait forcément plaisir !
 
Depuis son premier album "Be Sensational" la chanteuse française a marqué les esprits avec son univers ultra peaufiné 100% électro et sa voix hors du commun, puissante et émotionnelle.
 
Après un EP en 2020 un peu à part, Jeanne Added revient en terrain connu.
Dès le premier titre "It's a Lie", on retrouve en effet, avec une petite pointe de satisfaction, les fondamentaux de la chanteuse : nappes de synthés, beat électro, arrangements minimalistes au service d'une voix qui vous prend aux tripes.
 
Et le reste de l'album est dans la même veine : "Antidote", "Hey Boy", "Play Again" sont d'autres excellents titres.
 
Contre toute attente, un des moments forts de l'album est aussi une chanson en français : "Au Revoir" avec un effet sur la voix pourtant pas forcément des plus jolis. Une chanson sur la rupture amoureuse dont les paroles sonnent étonnamment juste ("Le contraire de tout n'est pas rien").


Kids Return - "Forever Melodies"

Voilà des nouveaux venus sur la scène pop-psychédélique : Kids Return.
 
Dignes héritiers de la French Touch, quelque part entre Air et MGMT, le groupe a plein d'atouts pour séduire : un son vintage, des chansons positives et décontractées, des arrangements guitares-synthes au parfum délicieusement analogique... Et c'est français, Monsieur !
 
Seul petit bémol, des paroles (en anglais) aux sujets peu variés (amour, amitié) alors qu'on aurait pu s'attendre à plus de folie dans ce style.
 
Pas de quoi gâcher cet agréable moment musical que nous font passer des morceaux comme "Our Love" ou "Orange Mountains".
 
Mais le sommet de l'album est sans conteste "Am I a Fool?" avec ses chœurs façon Queen et son thème au synthé très accrocheur.


The Beatles - "Revolver"

Demandez à un fan des Beatles de citer son album préféré des Fab Four, il y a des chances qu'il vous réponde : "Revolver".
 
Avec l'album blanc et "Abbey Road", c'est en effet celui qui vient le plus souvent en tête.
 
"Revolver" est un album charnière entre leur période "beatlemania" (concerts hystériques et vent de fraîcheur) et leur période psychédélique (Sgt Pepper arrivera juste après) et il possède les points forts des deux : spontanéité et bonne humeur de l'une ("And Your Bird Can Sing", "Yellow Submarine", "Good Day Sunshine ") ; créativité, innovations techniques et diversité des arrangements de l'autre ("Love You To", "Tomorrow Never Knows", "I'm only sleeping"). Sans parler de guitares électriques aux sonorités percutantes ("Taxman", "And Your Bird Can Sing", "Dr Robert") qui viennent contraster avec des ballades irrésistibles ("Eleanor Rigby", "For No One", "Here There and Everywhere").
 
Enregistré à l'origine sur une table de mixage 4 pistes pour une diffusion en mono, on ne savait pas trop ce qu'on pouvait attendre d'un nouveau mix.
 
Mais Giles Martin (encore une fois derrière ce travail ardu) nous a habitué à des miracles (notamment avec le remix de "Let it Be").  Toilettage, nouvelle dynamiques, et surtout nouvelles panoramiques, aidé en cela par un logiciel qui a réussi l'exploit d'identifier et séparer les différents instruments, le résultat est bluffant... une fois de plus.
 
On espère un traitement similaire pour "Rubber Soul" !!
 

 

20 nov. 2022

Les disques qui m'ont marqué #5 Pink Floyd : "The Wall"

 

 

Dans la bande de potes de ma petite ville de province, à une époque où nous étions encore de jeunes adolescents, chacun avait ses héros musicaux. Des artistes qu'on adorait inconditionnellement, qu'on défendait bec et ongles, et qu'on aimait par dessus tout faire écouter aux autres en détails. Une manière sans doute de se démarquer et de se donner de la personnalité. 

Alex c'était le fan de Michael Jackson, celui qui faisait le Moonwalk à chaque fête (souvenez-vous, il y en avait toujours un dans les années 80) pour le plus grand bonheur des autres convives.

Petit tuto gratuit, c'est bonus


Moi c'était les Beatles bien sûr, et je ne manquais pas une occasion de leur faire découvrir leur univers musical ou cinématographique et en particulier leur période hippie ce qui nous a valu quelques soirées déguisées en patte d'eph.

Et Manu, qui avait une culture musicale hors norme et connaissait sur le bout des doigts un nombre incalculable de groupes, avait une petite préférence pour la discographie de Pink Floyd et, quand on allait chez lui, "More" ou "The Dark Side of The Moon" passaient régulièrement sur sa platine.
 
Quand on pense à Pink Floyd, plusieurs mots viennent immédiatement à l'esprit. Les années 70. Le rock progressif. Un son de synthés planant. Des solos de guitare mémorables. Un chant possédé. La folie et le malaise... Et ces albums parfaits qui se sont enchaînés dans cette décennie : "The Dark Side of The Moon", "Wish You Were Here", "Animals", "The Wall".
 
Mais il y en a un qui nous a marqué plus que les autres pour son univers visuel.
C'est "The Wall" bien sûr dont l'adaptation cinématographique par Alan Parker a réussi à mettre si parfaitement en images l'atmosphère malsaine de l'album.
Des marteaux nazis qui marchent au pas, un rat mort et des vers qui grouillent, des enfants transformés en viande hachée... Autant d'images fortes qui sont venus illustrer la musique du Floyd.
 
La marche militaire des marteaux
 
Et quelle musique !
Leurs chansons n'ont jamais été aussi habitées que sur cet album.
Même si, rétrospectivement, lorsqu'on connait l'histoire du groupe, on sait que c'est un peu le début de la fin pour Pink Floyd, l'égo de Roger Waters devenant de plus en plus pesante et toxique.
Il n'empêche que tout le groupe arrive à apporter à cette histoire son lot d'émotion que ce soit dans le chant (interprété corps et âme) que dans la musique (l'atmosphère pesante des synthés, les fills de batterie qui font monter la tension, les guitares qui semblent hurler). "In The Flesh", "Mother", "Goodbye Blue Sky", "Another Brick in The Wall", "Hey You", "Confortably Numb"... Que de chansons puissantes sur un seul album !
 
Pink Floyd en studio
 
Et puis, "The Wall" est associé à un autre évènement qui aura marqué la fin des années 80 : la chute du mur de Berlin. Au point qu'à l'époque, je me posais la question de savoir si l'album n'avait pas une double lecture politique.
En 1990, quelques mois seulement après la chute du mur, Roger Waters créera l'évènement en venant à Berlin jouer "The Wall" lors d'un concert géant avec des invités prestigieux afin de brouiller un peu plus les pistes et de définitivement ancrer l'album dans l'Histoire.