31 mai 2018

Dans la playlist de mai

Des bijoux, des pépites et des perles. Un mois de mai en or.

On commence par un gros gros coup de cœur : l'album "Rare birds" de Jonathan Wilson que j'ai littéralement écouté en boucle pendant tout le mois. Un disque pop-rock très mélodique, avec de beaux morceaux de piano, de petites touches psychédéliques, le tout baignant dans une atmosphère mélancolique. Ca sonne parfois comme du Lennon période 70's, du Pink Floyd période 80's. Un vrai bonheur. Petit avant goût avec le tout en délicatesse "Sunset Blvd" :


 

Autre bonne surprise, "Les choses qu'on ne peut dire à personne" de Bertrand Burgalat. Il y a du neuf sous le soleil de Tricatel et le dernier Burgalat est très réussi. On y retrouve ce second degré et ce son très gainsbourien agrémentés d'une jolie analyse des relations humaines.


On fait un grand bond en arrière avec "Baby it's you" une chanson qui remonte au début des années 60. Enregistrée par les Shirelles, reprise par les Beatles, cette version du groupe Smith (que j'ai découverte en regardant le film "Death Proof" de Tarantino) date de 1969 et a cette énergie et cette émotion qu'il manquait aux (illustres) versions précédentes.



Accompagnée d'un clip qui fait couler beaucoup d'encre aux USA, la dernière chanson de Childish Gambino "This is America" vient de sortir. Le chanteur a l'air d'être reparti vers son style de prédilection (le rap). Y a du gros son, c'est percutant et original. Et même si ce n'est pas trop ma tasse de thé, j'attends quand même l'album avec impatience car j'avais adoré le précédent ("Awaken my love") qui était très soul-funk-rock et dont voici un extrait :



On termine avec "La baie", une reprise de la chanson "The bay" de Metronomy, par Clara Luciani, ancien membre de "La femme" (excellent groupe de rock français).
C'est vraiment de la traduction littérale (et tant mieux, ça permet de garder ce côté cool et décalé) et, surprise, même en français ça sonne bien !




1 mai 2018

Retour sur le Printemps de Bourges 2018 - Part 2


Le jeudi soir, changement complet de style, pour une soirée pop-rock-electro au 22 d’Auron qui aura été un vrai plaisir pour les oreilles du début à la fin. Ah, ça fait du bien !
Six groupes sont prévus dans la soirée (répartis sur 2 salles contiguës, "Est" et "Ouest"). Et parmi ces groupes c’est surtout pour Concrete knives (indie-pop) et L’impératrice (pop-disco) que j’ai fait le déplacement.

La soirée commence avec Lomboy au "22 Ouest". Le groupe joue une musique assez psychédélique avec notamment beaucoup d’effets sur les guitares et des pistes sonores ajoutées par ordinateur. Cet aspect vintage est contrebalancé par une voix plus parlée que chantée et des lignes de basses dynamiques. Une atmosphère enivrante très réussie malgré des effets sur la voix (auto-tune ?) pas très appropriés à mon avis (il y a tellement de chanteurs qui abusent de cet effet que je finis par ne plus le supporter du tout).

Changement de salle et d’ambiance avec Mahalia, chanteuse anglaise de hip-hop. A priori pas trop mon style de musique, même si le concert de Coely, l’an dernier dans cette même salle, m’avait réellement bluffé. Cette fois-ci, pas grand-chose à se mettre sous la dent : rien de bien nouveau musicalement, et des paroles un peu mièvres (qui tournent souvent autour du thème J’aime mon papa, ma maman et mes amis et je veux qu’ils soient fiers de moi). Seule petite originalité, la jeune britannique prend souvent sa guitare acoustique pour s’accompagner. Pas de quoi s’enthousiasmer néanmoins.

Retour au "22 Ouest" où on enchaîne avec Tshegue. Et c’est une grosse claque ! C’est du rock brut, très rythmé (beaucoup de percussions sur scène) sur du chant aux sonorités africaines mais très contemporain (le groupe est étiqueté afropunk, et cette définition leur va finalement très bien). C’est très original et on se demande comment on peut avoir l’idée de créer ce style de musique. Grosse ambiance, le public est complètement conquis. Ce sera le seul groupe pour lequel la salle sera véritablement pleine à craquer. Pas forcément une musique à écouter chez soi mais qui vaut le coup en live.

Tshegue, corps et âme
Concrete knives a la lourde tâche de passer après au 22 Est. Ayant adoré leur dernier album, je les attends en plus avec beaucoup d’attentes. Et je n’ai pas été déçu ! Riffs accrocheurs, structures soignées, on est très proche de l’ambiance de l’album, l’énergie en plus. Les 6 jeunes membres du groupe se donnent à fond et finissent le set complètement en sueur. Petit point négatif tout de même : un son un peu brouillon, peut-être dû à l’acoustique de cette salle qui est, par expérience, souvent moins agréable.

Concrete Knives en état de grâce
 
Direction le "22 Ouest" pour écouter L’impératrice, groupe pop-funk-disco. Leur premier album (« Mata Hari ») est vraiment très sympa, très produit, et j’avais hâte de voir ce que ça pouvait donner en live loin du confort technique d’un studio. Et bien pas déçu, une fois de plus ! Quel son ! Guitariste, bassiste et batteur sont ultra carrés, c’est propre, rythmé et ça ne bave pas. Et c’est d’autant plus époustouflant sur les morceaux instrumentaux où les musiciens en font des tonnes. Sur les morceaux « chantés » (on dira plutôt accompagnés par la chanteuse) on pourra regretter que la voix soit vraiment sous-mixée. Belle performance en tout cas.

Dernier changement de salle pour aller voir et écouter Irène Drésel. Je dis bien voir et écouter car la mise en scène est presque aussi importante que la musique elle-même. Pour le style, c’est simple c’est de la techno pure et dure comme il s’en fait depuis les années 90 (du beat, du synthé, pas de chant, pas de refrain, pas de couplet, pas de sample, le tout sans interruption pendant 1 heure 15). Pas facile de rentrer dedans donc si on n’est pas dans de bonnes dispositions (qui impliquent l’absorption de substances licites ou non). Pour la mise en scène, imaginez une cérémonie païenne dédiée à Aphrodite : les machines et synthés, recouverts de fleurs, sembkent former un autel ; la belle et frêle Irène Drésel se tient derrière, vêtue de blanc (enfin vêtue est un bien grand mot car il n’y a pas beaucoup de parties de son corps qui sont cachées) et sort parfois un vieux grimoire pour psalmodier quelques incantations ; les 2 autres musiciens sont eux aussi habillés de sortes de toges grecques blanches ; derrière la scène sont projetées sur grand écran des images érotiques en rotoscopie (demander à Google si vous ne connaissez pas). A noter qu’une des musiciennes joue de la flûte à bec et que, étonnamment, ça se lie très bien avec la musique. Ambiance étrange et coquine donc.

En résumé, une soirée très éclectique puisqu’on est passé de la pop psychédélique à la techno en passant par de la pop, du hip hop, du disco et de l’afropunk, mais avec comme point commun la particularité d’avoir à chaque fois une femme au lead vocal.

Retour sur le Printemps de Bourges 2018 - Part 1


Et voilà, encore un Printemps de Bourges derrière nous : 150 artistes et 80 000 spectateurs payants, nouveau record d’affluence !

Si la programmation a une nouvelle fois, à mon goût, manqué de tête d’affiches internationale, les petites salles ont comme d’habitude accueilli de bons groupes, moins exposés mais à l’identité musicale forte


Petite revue de concerts…


Le mercredi soir, direction le théâtre Jacques Cœur. La salle est pleine à craquer (330 places), le public, d’un certain âge, attend sagement le commencement de cette soirée étiquetée jazz-pop.


Premier artiste à se présenter sur scène (et c’est principalement pour lui que je suis venu) : Tamino. Le chanteur et guitariste belge d’origine égyptienne enchaîne ses morceaux pop mélancoliques accompagné par un batteur et un claviériste. Son style fait penser à un mélange de Radiohead et de Jeff Buckley mais il y a en plus parfois de petites touches orientales dans sa manière de chanter. Pas de folie au niveau des arrangements, mais quelle voix, et quelle émotion portée par cette voix ! Encore plus impressionnante sur scène que sur CD tant Tamino arrive à passer du très aigu au très grave avec une aisance et une délicatesse magnifique. Le public est bluffé et c’est avec une certaine frustration que le (très court) set se termine.

Tamino tout en noirceur


Artiste suivant : Sandra Nkaké. Son concert est un joli mélange de soul, pop et jazz. C’est souvent rythmé et brillamment interprété : beaucoup de vie, d’envie, d’entrain. Seul petit bémol : une flûte traversière un peu omniprésente qui répond quasiment systématiquement au chant par de courtes phrases musicales.


On arrive à la tête d’affiche de la soirée : Mélanie de Biasio, une artiste connue pour son goût de l’improvisation et de la recherche de la bonne interprétation, de la juste note au bon moment. J’avais été séduit par les quelques morceaux écoutés sur internet mais j’avoue avoir été un peu déçu par le concert : accompagnée d’un pianiste et d’un batteur, les morceaux s’enchaînent sur le même tempo (et semble-t-il ralenti par rapport aux versions studio). Des arrangements uniformes, et le chant, monotone, finissent de donner une impression un peu terne à l’ensemble. On sent malgré tout que l’interprétation est très technique : les rythmiques à la batterie sont compliquées et le piano est joué tout en retenue. Au bout d’un quart d’heure, un spectateur sur quatre autour de moi semble s’être assoupi et, comme le souffle mon voisin à sa femme, "c’est très joli mais on s’emmerde un peu quand même".