25 juil. 2023

The Lemon Twigs et Arlo Parks : de belles voix en perspective

The Lemon Twigs - "Everything Harmony"

Lorsque les Lemon Twigs annoncent un nouvel album, on trépigne d'impatience. Mais quand en plus, on nous dit que cet album est un hommage aux harmonies vocales des années 60 à la Beach Boys, on ne tient plus du tout en place !

Le groupe des frères D'Addario nous a habitué au fil de ses différents albums à une ambiance musicale rétro et une musique pop souvent très barrée. Et c'est toujours le cas dans "Everything Harmony".

Mais, pour ce nouvel opus, le groupe se pose un peu plus en mêlant toujours avec plaisir mélodies complexes et structures musicales alambiquées.

Alternant morceaux mélancoliques ("Everyday Is The Worst Day Of My Life") et morceaux pop euphoriques ("In my head"), ce sont bien les harmonies vocales qui sont à l'honneur... et quel travail sur les voix ! Chœurs, canons, unisson, harmonies à 2,3,4 voix... Ca caresse notre oreille en nous évoquant Simon & Garfunkel ou Crosby, Stills, Nash & Young.

Le groupe se fait plaisir et nous fait plaisir, "Everything Harmony" a tout du feel-good album comme on les aime.

Si tout est bon, on retiendra particulièrement "I Don't Belong To Me" et ses splendides arrangements de cuivre, le doux et totalement folk "Corner Of My Eye" et "Everyday Is The Worst Day Of My Life" avec ses magnifiques chœurs dans la partie finale du morceau.


 


Arlo Parks - "My Soft Machine"

En 2021, Arlo Parks mettaient toutes les critiques d'accord avec l'étonnant "Collapsed In Sunbeams".

Vient l'exercice tant redouté du second album où il faut confirmer tout en se renouvelant.

Sur "My Soft Machine", la chanteuse a décidé de garder les mêmes recettes que pour son précédent album, à savoir un subtil mélange de soul, de trip-hop et de pop... et c'est tant mieux !

C'est en effet l'occasion de retrouver de belles ballades ("Purple Phase") et des chansons qui groovent ("Blades", "Weightless") dans des arrangements à la fois modernes et feutrés où la voix toute en fragilité de la chanteuse apporte une douceur particulière.

Un terrain connu fort agréable donc qui réserve néanmoins quelques surprises comme "Devotion", son riff de guitare et son final de guitares saturées.

Talent de Arlo Parks : confirmé !




Jain - "The Fool"

Après les rythmes africains de son premier (et excellent) album, Jain revient avec un disque en forme de déclaration d'amour à la musique de la fin des années 70.

Derrière une pochette très flower-power, le contenu s'avère finalement très moderne.

L'album alterne entre deux types de chansons : celles taillées pour la radio ("Night weights", "Take A Chance"...), pour la plupart des mélodies simples passées à l'inévitable sauce disco actuelle (Grrr), et celles où la chanteuse semble vouloir proposer autre chose : le pop "The Fool", "Maria" avec sa guitare acoustique et ses synthés années 80, le planant et truffé d'effets "To Other People", "Fallin" et ses arrangements au synthé.

On finit par zapper les premiers pour se concentrer sur les autres.

Dans l'ensemble la production est excellente et les arrangements, qui sentent bon les années 70 et 80, originaux pour de la pop origine France. Mais l'ensemble laisse un certain goût d'inachevé.




Daft Punk - "Random Access Memories - Edition 10ème Anniversaire"

10 ans déjà ! Il y a 10 ans, le raz-de-marée Daft Punk déferlait sur le monde entier avec "Random Access Memories" et son tube "Get Lucky" chanté par Pharell Williams.

Pour fêter ça, le groupe ressort l'album accompagné de 9 titres bonus inédits. Constitués principalement de démos et de versions de travail (il n'y a que deux morceaux réellement inédits dont l'excellent "Horizon" sorti sur la version japonaise de l'album en 2013), l'écoute de ces bonus permet de découvrir l'évolution et la genèse de certains titres (notamment les paroles de "Fragments of Time" qui se bâtissent au cours d'un long échange oral). Sans être indispensables, ces 9 inédits sont en tout cas suffisamment avancés pour être plaisants et intéressants à écouter.

Si l'album à l'époque avait conquis la planète, il avait aussi divisé les fans de la première heure. Finis le homework et les boîtes à rythmes, "Random Access Memories", dans un nouvel élan d’hommage à la musique des années 80, faisait la part belle aux musiciens et aux collaborations. Et quelles collaborations ! Nile Rodgers, Giorgio Moroder (pour une originale chanson-interview), Paul Williams (l'inoubliable Swan de du film "Phantom of The Paradise"), Julian Casablancas... Il y a du beau monde. Entre tubes devenus des classiques ("Get Lucky" et "Instant Crush" bien sûr) et chansons plus douces ("Game of Love"), le sommet de l'album est sans doute "Touch" et son apothéose finale.