24 août 2022

Les disques qui m'ont marqué #4 Noir Désir : Tostaky


Lorsque Noir Désir monopolise les radios en 1989 avec leur premier succès, "Aux Sombres Héros de l'Amer", on est une poignée dans la bande de potes de ma petite ville de province à s'intéresser à leur album "Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)" et à découvrir que l'univers du groupe ne se cantonne pas à de la folk française avec de jolis calembours. Bien au contraire : ambiance sombre, musique rock, cet album est un petit chef d’œuvre qui aura bouleversé la chanson française en général avec ses textes poétiques.

"Veuillez rendre l'âme" reste associé pour moi à ces soirées au lycée à s'émerveiller devant les paroles des chansons et notamment celles des "écorchés" ("White Light White Heat !!") et à un week-end où on a écouté en boucle cet album avec mon pote Vincent (tu me manques vieux frère).


En 1992, Noir Désir aura frappé encore plus fort avec leur album "Tostaky". Si les textes sont toujours aussi poétiques, un discours socialement plus engagé s'est glissé dans leur poésie abstraite : "Here it comes slowly" traite de la montée de l'extrême droite, "Ici Paris" est un subtil constat de la déshumanisation du système capitaliste, et "Tostaky (Le continent)" percute avec son idéal révolutionnaire.

Mais c'est surtout musicalement que la mue du groupe est la plus marquante. Fini le style un peu balbutiant des premiers albums, le son est beaucoup plus homogène et maîtrisé. Il est surtout plus brut, plus rock, basé sur les riffs électriques de Serge Teyssot-Gay. Couplé au chant habité de Bertrand Cantat, les morceaux débordent d'énergie, de rage et d'émotion.


"Ici Paris", "Oublié", "Alice", "Tostaky", "One Trip One Noise", "Marlène", "Lolita nie en bloc"... on connaissait quasiment
l'album par cœur du début à la fin.

Mais plus qu'un simple défouloir, l'album nous offrait une prise de conscience du malaise du monde moderne et de la difficulté d'y trouver sa place...
Tostaky était un album rassembleur, reflet de son époque, un album qui nous réunissait tous derrière ses textes et son énergie et les premières notes de chaque chanson étaient un appel à communier, un véritable acte militant.