31 mai 2023

Metronomy en concert a Brooklyn

Le groupe d'electropop anglais Metronomy était en concert a Brooklyn le 2 mai 2023. Il s'agissait d'un concert initialement prévu en octobre 2022 et reporté.


Le lieu: excentré! Après avoir traversé Williamsburg, qui a perdu son coté Hipster d'avant garde, et alterne désormais banques et dispensaires de cannabis, on rejoint en metro une zone industrielle d'import export. On est loin du Brooklyn des brownstones, mais pourquoi pas.

On traverse les voies ferrées sans trainer et on laisse passer les camions qui se relaient pour charger des marchandises venues d'Asie. Un ancien entrepot, la place ne manque pas. On s'attendrait à une ambiance très froide et industrielle, mais le miracle des éclairages et la bonne humeur du public donnent à la salle un coté chaleureux.

Le public: un bon mélange: des branchés mais pas que, beaucoup d'europeens, des jeunes et des vieux. 

La premiere partie: deux sœurs venues d'une famille mormon du Montana qui faisaient un peu de provoc et beaucoup d'electro.


Le concert de Metronomy: Les tubes de 2010 (the Look, The Bay, Everything goes my way, etc.) marchent toujours aussi bien, meme si les versions live sont plus brouillon que sur les albums. Les autres chansons plus récentes retiennent moins l'attention. 

Le gros plus: les groupes européens continuent a se produire dans des salles relativement petites aux US, ce qui donne la possibilité d'approcher facilement la scène.


Un moment sympa, et l'occasion d'une escapade a Brooklyn, même si on était pas au concert du siècle ou de l'année.

Chris


29 mai 2023

dEUS, Temples, Andy Shauf, Zaho de Sagazan : y en a pour tous les goûts

Temples - "Exotico"

Lorsque Temples sort son album "Sun Structures" en 2013, le groupe est alors à la pointe du renouveau psychédélique avec Tame Impala. Dans leurs deux albums suivants, les Britanniques auront essayé d'explorer d'autres directions, toujours aussi psyché, mais moins ancrées dans le passé dont le résultat était excellent mais pouvait parfois sembler indigeste dans sa surproduction d'effets et de synthés.
 
Avec ce nouvel album, "Exotico", le groupe veut frapper encore plus fort et il s'est fait aidé pour cela à la production par deux références du milieu : Sean Lennon (The Claypool Lennon Delirium) et Dave Fridmann (The Flaming Lips, MGMT).
Et le résultat est là. Toujours aussi barrés, les morceaux sont aussi plus subtils et équilibrés, fusion entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales.
 
"Cicada" et "Meet your Maker" nous plongent dans des influences indiennes, "Slow Days" est léger et entraînant, "Gamma Rays" et "Inner Space" surfent sur une basse groovy tandis que "Crystall Hall" s'articule autour d'une guitare rock très 70's, et quelques titres plus doux font respirer l'album ("Giallo" et ses magnifiques synthés).
 
16 morceaux et près d'une heure de musique, on peut dire que de ce côté là le groupe n'a pas fait dans la mesure mais vu la qualité des morceaux on comprend que le choix d'en retirer certains a dû paraître difficile. 
Temples revient donc à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
 

 
Andy Shauf - "Norm"

Le chanteur canadien Andy Shauf, encensé par les critiques depuis son album concept "The Neon Skyline", et souvent considéré comme un des artistes les plus talentueux des années 2020, sort un nouvel album conceptuel autour d'un personnage normal dont les obsessions pour une femme deviennent de plus en plus inquiétantes. 

Au service de cette cause, des morceaux lents et une ambiance chaude, feutrée et douce : guitare acoustique, cordes, piano, cuivres et petites touches de synthés. 

Mais surtout une voix incroyable, aiguë et tout en retenue, comme envoyée dans un souffle. Cette respiration fait particulièrement son effet sur "Telephone" et "Long Throw" mais tout l'album baigne globalement dans cette langueur mélancolique et apaisée ("Wasted On You", "Paradise Cinema")

Un album splendide à ne pas rater.


 

dEUS - How To Replace It

C'est le grand retour des belges de dEUS !

Après un morceau introductif où le groupe met le paquet pour nous rappeler toute sa créativité (sons étranges, percussions tribales, voix chuchotée), l'album se poursuit dans une veine plus classique Rock où les guitares ont la part belle mais en mêlant intelligemment les influences dans des arrangements fouillés :
Indie-pop avec l'excellent "Man of the house" où basse synthés dominent,
80's avec le bien nommé nostalgique "1989", électros 90's avec des morceaux plus parlés comme "Simple Pleasures" et son riff de basse groovy... et le Rock des années 2000 bien sûr !

Après une ballade piano voix (seule et unique) qui semble clore l'album, surprise c'est la chanson "Le Blues Polaire" qui termine le bal. Un titre complètement à part : en français, parlé, presque improvisé. Une manière de montrer que dEUS peut encore nous surprendre.




Zaho de Sagazan - La symphonie des éclairs

Zaho de Sagazan, Zaho de Sagazan... Les médias ne parlent plus que d'elle, présentée comme la nouvelle Barbara, le retour aux grands interprètes.

Et c'est vrai que l'écoute de son album "La symphonie des éclairs" est une vraie claque dans le monde de la chanson française.

Pour ses textes déjà, bien au-dessus de la moyenne, c'est sûr. Qu'elle aborde des thèmes de la vie quotidienne comme l'addiction ("Aspiration"), les conjoints toxiques ("Les dormantes"), la dépression ("Tristesse") ou des thèmes plus abstraits et poétiques ("La Fontaine de Sang", "La symphonie des éclairs"), Zaho de Sagazan a non seulement le sens de la formule qui touche, au milieu de textes riches, mais également une manière de les faire vivre qui rappelle les grands noms de la chanson française.

Mais c'est surtout côté musique que se trouve la force de la chanteuse qui ne s'est pas contentée d'une bande son minimale pour accompagner ses textes, bien au contraire.
Les arrangements, principalement électroniques, sont dans l'air du temps et convoquent parfois des rythmes que n'aurait pas reniés Stromae ("Tristesse"). Mais se limiter à cette comparaison serait faire fausse route car la chanteuse est également passionnée par les sons de synthés des années 80 (krautrock et synthwave) et ça se ressent sur des morceaux comme "Suffisamment", " Mon corps" et "La Fontaine de Sang" où les sonorités de synthés vintages sont omniprésentes.

En faisant le lien, dans ses textes et sa musique, entre différentes époques, des années 60 à aujourd'hui, l'album de Zaho de Sagazan est un vrai tour de force.
 

 




12 mai 2023

Les disques qui m'ont marqué #6 Björk : "Homogenic"

 

Elevé à la pop et au rock des années 60-70-80, j'ai longtemps considéré la musique électronique comme quelque chose sans grand intérêt, voir quelque chose ne pouvant même pas avoir le statut de musique du tout.
Un truc à la rigueur tolérable en boîte de nuit (et encore je retournais exprès m'asseoir sur une banquette pendant les séquences de Techno).

Le début des années 90, c'était l'émergence de la Dance et de la Techno. Et, en pleine adolescence à cette époque, j'étais ouvertement entré en résistance contre ce style de chansons.
La "vraie" musique se devait d'être jouée avec de "vrais" instruments : guitare, basse, batterie, claviers, cordes, cuivres... Pas d'instruments, pas d'âme.

...et moi je danse le mia...
 

Mais l'année 1997 va tout changer.

En quelques mois vont débarquer sur les ondes le premier album de Daft Punk ("Homework" et l'homme-chien plâtré de "Da Funk"), celui de Air ("Moon Safari" et la peluge-singe de "Sexy Boy") et le quatrième album de Björk, "Homogenic".

Björk je connaissais déjà un peu avant "Homogenic".
D'ailleurs quand on me faisait le reproche que je n'aimais pas la musique "Dance", je répondais : "Mais si, j'aime bien "Violently Happy" de Björk".
Dire que j'aimais était sans doute un peu exagéré. Mais je trouvais cette chanson étrange et intéressante en tout cas.
Bon bien sûr, avec le recul, je mettais quand même Björk et Dr Alban dans le même panier.

En 1997 donc, Björk sort l'album "Homogenic" que je découvre avec le single "Bachelorette" mis en images par Michel Gondry. Un clip incroyable (avec une mise en abîme qui efface petit à petit les identités des personnages) pour une chanson incroyable (les cordes, le rythme, la voix).
Une énorme gifle visuelle et auditive qui m'a poussé à me procurer l'album par curiosité.

One day I found a big book...
 

Et dès la première chanson, "Hunter", la magie opère. Des basses profondes et la voix de Björk qui monte, module pour nous amener dans sa folie.
Après cette splendide entrée en matière, arrive "Joga" et sa pop électronique prend alors une tournure plus symphonique, mais toujours portée par un chant aérien.
La mélancolie de "Unravel", la chanson suivante, est bouleversante. Thom Yorke la décrira comme une des plus belles chansons qu'il ait entendue.
L'album continue ensuite avec le chef d'oeuvre "Bachelorette", puis "All Neon Like"... et se termine en beauté avec un morceau qui résume à lui seul tout ce qu'on peut penser de cette oeuvre : "All is Full of Love". Un disque qui déborde d'émotions.

"Homogenic" a été un tournant. Après cet album,c'est avec une certaine fierté que je pouvais affirmer : "Oui j'aime la musique électronique !"

(mais ne me mettez toujours pas du Dr Alban s'il vous plaît)