Le groupe d'electropop anglais Metronomy était en concert a Brooklyn le 2 mai 2023. Il s'agissait d'un concert initialement prévu en octobre 2022 et reporté.
Le lieu: excentré! Après avoir traversé Williamsburg, qui a perdu son coté Hipster d'avant garde, et alterne désormais banques et dispensaires de cannabis, on rejoint en metro une zone industrielle d'import export. On est loin du Brooklyn des brownstones, mais pourquoi pas.
On traverse les voies ferrées sans trainer et on laisse passer les camions qui se relaient pour charger des marchandises venues d'Asie. Un ancien entrepot, la place ne manque pas. On s'attendrait à une ambiance très froide et industrielle, mais le miracle des éclairages et la bonne humeur du public donnent à la salle un coté chaleureux.
Le public: un bon mélange: des branchés mais pas que, beaucoup d'europeens, des jeunes et des vieux.
La premiere partie: deux sœurs venues d'une famille mormon du Montana qui faisaient un peu de provoc et beaucoup d'electro.
Le concert de Metronomy: Les tubes de 2010 (the Look, The Bay, Everything goes my way, etc.) marchent toujours aussi bien, meme si les versions live sont plus brouillon que sur les albums. Les autres chansons plus récentes retiennent moins l'attention.
Le gros plus: les groupes européens continuent a se produire dans des salles relativement petites aux US, ce qui donne la possibilité d'approcher facilement la scène.
Un moment sympa, et l'occasion d'une escapade a Brooklyn, même si on était pas au concert du siècle ou de l'année.
Lorsque
Temples sort son album "Sun Structures" en 2013, le groupe est alors à la
pointe du renouveau psychédélique avec Tame Impala. Dans leurs deux
albums suivants, les Britanniques auront essayé d'explorer d'autres
directions, toujours aussi psyché, mais moins ancrées dans le passé dont
le résultat était excellent mais pouvait parfois sembler indigeste dans
sa surproduction d'effets et de synthés.
Avec
ce nouvel album, "Exotico", le groupe veut frapper encore plus fort et
il s'est fait aidé pour cela à la production par deux références du milieu : Sean
Lennon (The Claypool Lennon Delirium) et Dave Fridmann (The Flaming Lips,
MGMT).
Et le résultat est là. Toujours aussi barrés, les morceaux sont aussi plus subtils et équilibrés, fusion
entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des
riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales.
"Cicada"
et "Meet your Maker" nous plongent dans des influences indiennes, "Slow
Days" est léger et entraînant, "Gamma Rays" et "Inner Space" surfent
sur une basse groovy tandis que "Crystall Hall" s'articule autour d'une
guitare rock très 70's, et quelques titres plus doux font respirer
l'album ("Giallo" et ses magnifiques synthés).
16
morceaux et près d'une heure de musique, on peut dire que de ce côté là
le groupe n'a pas fait dans la mesure mais vu la qualité des morceaux on
comprend que le choix d'en retirer certains a dû paraître difficile.
Temples revient donc à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
Andy Shauf - "Norm"
Le
chanteur canadien Andy Shauf, encensé par les critiques depuis son album concept
"The Neon Skyline", et souvent considéré comme un des artistes les plus
talentueux des années 2020, sort un nouvel album conceptuel autour d'un
personnage normal dont les obsessions pour une femme deviennent de plus
en plus inquiétantes.
Au service de cette cause, des
morceaux lents et une ambiance chaude, feutrée et douce : guitare
acoustique, cordes, piano, cuivres et petites touches de synthés.
Mais
surtout une voix incroyable, aiguë et tout en retenue, comme envoyée
dans un souffle. Cette respiration fait particulièrement son effet sur
"Telephone" et "Long Throw" mais tout l'album baigne globalement dans
cette langueur mélancolique et apaisée ("Wasted On You", "Paradise
Cinema")
Un album splendide à ne pas rater.
dEUS - How To Replace It
C'est le grand retour des belges de dEUS !
Après
un morceau introductif où le groupe met le paquet pour nous rappeler
toute sa créativité (sons étranges, percussions tribales, voix chuchotée), l'album
se poursuit dans une veine plus classique Rock où les guitares ont la
part belle mais en mêlant intelligemment les influences dans des
arrangements fouillés :
Indie-pop avec l'excellent "Man of the house" où basse synthés dominent,
80's avec le bien nommé nostalgique "1989", électros 90's avec des morceaux plus parlés comme "Simple Pleasures" et son riff de basse groovy... et le Rock des années 2000 bien sûr !
Après
une ballade piano voix (seule et unique) qui semble clore l'album,
surprise c'est la chanson "Le Blues Polaire" qui termine le bal. Un titre
complètement à part : en français, parlé, presque improvisé. Une manière de montrer que dEUS peut encore nous surprendre.
Zaho de Sagazan - La symphonie des éclairs
Zaho de Sagazan, Zaho de Sagazan... Les médias ne parlent plus que d'elle, présentée comme la nouvelle Barbara, le retour aux grands interprètes.
Et c'est vrai que l'écoute de son album "La symphonie des éclairs" est une vraie claque dans le monde de la chanson française.
Pour
ses textes déjà, bien au-dessus de la moyenne, c'est sûr. Qu'elle aborde
des thèmes de la vie quotidienne comme l'addiction ("Aspiration"), les
conjoints toxiques ("Les dormantes"), la dépression ("Tristesse") ou des
thèmes plus abstraits et poétiques ("La Fontaine de Sang", "La
symphonie des éclairs"), Zaho de Sagazan a non seulement le sens de la
formule qui touche, au milieu de textes riches, mais également une manière de
les faire vivre qui rappelle les grands noms de la chanson française.
Mais
c'est surtout côté musique que se trouve la force de la chanteuse qui
ne s'est pas contentée d'une bande son minimale pour accompagner ses
textes, bien au contraire.
Les arrangements,
principalement électroniques, sont dans l'air du temps et convoquent
parfois des rythmes que n'aurait pas reniés Stromae ("Tristesse"). Mais se limiter à cette comparaison serait faire fausse route car la chanteuse est également passionnée par les sons de synthés des années
80 (krautrock et synthwave) et ça se ressent sur des morceaux comme
"Suffisamment", " Mon corps" et "La Fontaine de Sang" où les sonorités
de synthés vintages sont omniprésentes.
En faisant
le lien, dans ses textes et sa musique, entre différentes époques, des
années 60 à aujourd'hui, l'album de Zaho de Sagazan est un vrai tour de
force.
Elevé à la pop et au rock des années 60-70-80, j'ai longtemps
considéré la musique électronique comme quelque chose sans grand intérêt,
voir quelque chose ne pouvant même pas avoir le statut de musique du tout. Un truc à la
rigueur tolérable en boîte de nuit (et encore je retournais exprès
m'asseoir sur une banquette pendant les séquences de Techno).
Le début
des années 90, c'était l'émergence de la Dance et de la Techno.
Et, en pleine adolescence à cette époque, j'étais ouvertement
entré en résistance contre ce style de chansons. La "vraie"
musique se devait d'être jouée avec de "vrais"
instruments : guitare, basse, batterie, claviers, cordes, cuivres...
Pas d'instruments, pas d'âme.
...et moi je danse le mia...
Mais l'année 1997
va tout changer.
En quelques mois
vont débarquer sur les ondes le premier album de Daft Punk
("Homework" et l'homme-chien plâtré de "Da Funk"),
celui de Air ("Moon Safari" et la peluge-singe de "Sexy
Boy") et le quatrième album de Björk, "Homogenic".
Björk je
connaissais déjà un peu avant "Homogenic". D'ailleurs
quand on me faisait le reproche que je n'aimais pas la musique
"Dance", je répondais : "Mais si, j'aime bien
"Violently Happy" de Björk". Dire que j'aimais
était sans doute un peu exagéré. Mais je trouvais cette chanson étrange
et intéressante en tout cas. Bon bien sûr, avec
le recul, je mettais quand même Björk et Dr Alban dans le même
panier.
En 1997 donc, Björk
sort l'album "Homogenic" que je découvre avec le single
"Bachelorette" mis en images par Michel Gondry. Un clip
incroyable (avec une mise en abîme qui efface petit à petit les
identités des personnages) pour une chanson incroyable (les cordes,
le rythme, la voix). Une énorme gifle
visuelle et auditive qui m'a poussé à me procurer l'album par
curiosité.
One day I found a big book...
Et dès la première
chanson, "Hunter", la magie opère. Des basses profondes et
la voix de Björk qui monte, module pour nous amener dans sa folie. Après cette
splendide entrée en matière, arrive "Joga" et sa pop
électronique prend alors une tournure plus symphonique, mais
toujours portée par un chant aérien. La mélancolie de
"Unravel", la chanson suivante, est bouleversante. Thom
Yorke la décrira comme une des plus belles chansons qu'il ait
entendue. L'album continue
ensuite avec le chef d'oeuvre "Bachelorette", puis "All
Neon Like"... et se termine en beauté avec un morceau qui
résume à lui seul tout ce qu'on peut penser de cette oeuvre : "All
is Full of Love". Un disque qui déborde d'émotions.
"Homogenic"
a été un tournant. Après cet album,c'est avec une certaine fierté que je pouvais affirmer : "Oui j'aime la musique électronique !"
(mais ne me mettez toujours pas du Dr Alban s'il vous plaît)