Temples - "Exotico"
Lorsque
Temples sort son album "Sun Structures" en 2013, le groupe est alors à la
pointe du renouveau psychédélique avec Tame Impala. Dans leurs deux
albums suivants, les Britanniques auront essayé d'explorer d'autres
directions, toujours aussi psyché, mais moins ancrées dans le passé dont
le résultat était excellent mais pouvait parfois sembler indigeste dans
sa surproduction d'effets et de synthés.
Avec
ce nouvel album, "Exotico", le groupe veut frapper encore plus fort et
il s'est fait aidé pour cela à la production par deux références du milieu : Sean
Lennon (The Claypool Lennon Delirium) et Dave Fridmann (The Flaming Lips,
MGMT).
Et le résultat est là. Toujours aussi barrés, les morceaux sont aussi plus subtils et équilibrés, fusion
entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des
riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales.
"Cicada"
et "Meet your Maker" nous plongent dans des influences indiennes, "Slow
Days" est léger et entraînant, "Gamma Rays" et "Inner Space" surfent
sur une basse groovy tandis que "Crystall Hall" s'articule autour d'une
guitare rock très 70's, et quelques titres plus doux font respirer
l'album ("Giallo" et ses magnifiques synthés).
16
morceaux et près d'une heure de musique, on peut dire que de ce côté là
le groupe n'a pas fait dans la mesure mais vu la qualité des morceaux on
comprend que le choix d'en retirer certains a dû paraître difficile.
Temples revient donc à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
Andy Shauf - "Norm"
Le
chanteur canadien Andy Shauf, encensé par les critiques depuis son album concept
"The Neon Skyline", et souvent considéré comme un des artistes les plus
talentueux des années 2020, sort un nouvel album conceptuel autour d'un
personnage normal dont les obsessions pour une femme deviennent de plus
en plus inquiétantes.
Au service de cette cause, des
morceaux lents et une ambiance chaude, feutrée et douce : guitare
acoustique, cordes, piano, cuivres et petites touches de synthés.
Mais surtout une voix incroyable, aiguë et tout en retenue, comme envoyée dans un souffle. Cette respiration fait particulièrement son effet sur "Telephone" et "Long Throw" mais tout l'album baigne globalement dans cette langueur mélancolique et apaisée ("Wasted On You", "Paradise Cinema")
Un album splendide à ne pas rater.
dEUS - How To Replace It
C'est le grand retour des belges de dEUS !
Après
un morceau introductif où le groupe met le paquet pour nous rappeler
toute sa créativité (sons étranges, percussions tribales, voix chuchotée), l'album
se poursuit dans une veine plus classique Rock où les guitares ont la
part belle mais en mêlant intelligemment les influences dans des
arrangements fouillés :
Indie-pop avec l'excellent "Man of the house" où basse synthés dominent,
80's avec le bien nommé nostalgique "1989", électros 90's avec des morceaux plus parlés comme "Simple Pleasures" et son riff de basse groovy... et le Rock des années 2000 bien sûr !
Après
une ballade piano voix (seule et unique) qui semble clore l'album,
surprise c'est la chanson "Le Blues Polaire" qui termine le bal. Un titre
complètement à part : en français, parlé, presque improvisé. Une manière de montrer que dEUS peut encore nous surprendre.
Zaho de Sagazan - La symphonie des éclairs
Zaho de Sagazan, Zaho de Sagazan... Les médias ne parlent plus que d'elle, présentée comme la nouvelle Barbara, le retour aux grands interprètes.
Et c'est vrai que l'écoute de son album "La symphonie des éclairs" est une vraie claque dans le monde de la chanson française.
Pour
ses textes déjà, bien au-dessus de la moyenne, c'est sûr. Qu'elle aborde
des thèmes de la vie quotidienne comme l'addiction ("Aspiration"), les
conjoints toxiques ("Les dormantes"), la dépression ("Tristesse") ou des
thèmes plus abstraits et poétiques ("La Fontaine de Sang", "La
symphonie des éclairs"), Zaho de Sagazan a non seulement le sens de la
formule qui touche, au milieu de textes riches, mais également une manière de
les faire vivre qui rappelle les grands noms de la chanson française.
Mais
c'est surtout côté musique que se trouve la force de la chanteuse qui
ne s'est pas contentée d'une bande son minimale pour accompagner ses
textes, bien au contraire.
Les arrangements,
principalement électroniques, sont dans l'air du temps et convoquent
parfois des rythmes que n'aurait pas reniés Stromae ("Tristesse"). Mais se limiter à cette comparaison serait faire fausse route car la chanteuse est également passionnée par les sons de synthés des années
80 (krautrock et synthwave) et ça se ressent sur des morceaux comme
"Suffisamment", " Mon corps" et "La Fontaine de Sang" où les sonorités
de synthés vintages sont omniprésentes.
En faisant
le lien, dans ses textes et sa musique, entre différentes époques, des
années 60 à aujourd'hui, l'album de Zaho de Sagazan est un vrai tour de
force.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire