29 mai 2023

dEUS, Temples, Andy Shauf, Zaho de Sagazan : y en a pour tous les goûts

Temples - "Exotico"

Lorsque Temples sort son album "Sun Structures" en 2013, le groupe est alors à la pointe du renouveau psychédélique avec Tame Impala. Dans leurs deux albums suivants, les Britanniques auront essayé d'explorer d'autres directions, toujours aussi psyché, mais moins ancrées dans le passé dont le résultat était excellent mais pouvait parfois sembler indigeste dans sa surproduction d'effets et de synthés.
 
Avec ce nouvel album, "Exotico", le groupe veut frapper encore plus fort et il s'est fait aidé pour cela à la production par deux références du milieu : Sean Lennon (The Claypool Lennon Delirium) et Dave Fridmann (The Flaming Lips, MGMT).
Et le résultat est là. Toujours aussi barrés, les morceaux sont aussi plus subtils et équilibrés, fusion entre psychédélisme 60's, sonorités contemporaines (avec notamment des riffs de basse bien présents) et quelques touches orientales.
 
"Cicada" et "Meet your Maker" nous plongent dans des influences indiennes, "Slow Days" est léger et entraînant, "Gamma Rays" et "Inner Space" surfent sur une basse groovy tandis que "Crystall Hall" s'articule autour d'une guitare rock très 70's, et quelques titres plus doux font respirer l'album ("Giallo" et ses magnifiques synthés).
 
16 morceaux et près d'une heure de musique, on peut dire que de ce côté là le groupe n'a pas fait dans la mesure mais vu la qualité des morceaux on comprend que le choix d'en retirer certains a dû paraître difficile. 
Temples revient donc à l'essentiel en améliorant encore la recette de son succès.
 

 
Andy Shauf - "Norm"

Le chanteur canadien Andy Shauf, encensé par les critiques depuis son album concept "The Neon Skyline", et souvent considéré comme un des artistes les plus talentueux des années 2020, sort un nouvel album conceptuel autour d'un personnage normal dont les obsessions pour une femme deviennent de plus en plus inquiétantes. 

Au service de cette cause, des morceaux lents et une ambiance chaude, feutrée et douce : guitare acoustique, cordes, piano, cuivres et petites touches de synthés. 

Mais surtout une voix incroyable, aiguë et tout en retenue, comme envoyée dans un souffle. Cette respiration fait particulièrement son effet sur "Telephone" et "Long Throw" mais tout l'album baigne globalement dans cette langueur mélancolique et apaisée ("Wasted On You", "Paradise Cinema")

Un album splendide à ne pas rater.


 

dEUS - How To Replace It

C'est le grand retour des belges de dEUS !

Après un morceau introductif où le groupe met le paquet pour nous rappeler toute sa créativité (sons étranges, percussions tribales, voix chuchotée), l'album se poursuit dans une veine plus classique Rock où les guitares ont la part belle mais en mêlant intelligemment les influences dans des arrangements fouillés :
Indie-pop avec l'excellent "Man of the house" où basse synthés dominent,
80's avec le bien nommé nostalgique "1989", électros 90's avec des morceaux plus parlés comme "Simple Pleasures" et son riff de basse groovy... et le Rock des années 2000 bien sûr !

Après une ballade piano voix (seule et unique) qui semble clore l'album, surprise c'est la chanson "Le Blues Polaire" qui termine le bal. Un titre complètement à part : en français, parlé, presque improvisé. Une manière de montrer que dEUS peut encore nous surprendre.




Zaho de Sagazan - La symphonie des éclairs

Zaho de Sagazan, Zaho de Sagazan... Les médias ne parlent plus que d'elle, présentée comme la nouvelle Barbara, le retour aux grands interprètes.

Et c'est vrai que l'écoute de son album "La symphonie des éclairs" est une vraie claque dans le monde de la chanson française.

Pour ses textes déjà, bien au-dessus de la moyenne, c'est sûr. Qu'elle aborde des thèmes de la vie quotidienne comme l'addiction ("Aspiration"), les conjoints toxiques ("Les dormantes"), la dépression ("Tristesse") ou des thèmes plus abstraits et poétiques ("La Fontaine de Sang", "La symphonie des éclairs"), Zaho de Sagazan a non seulement le sens de la formule qui touche, au milieu de textes riches, mais également une manière de les faire vivre qui rappelle les grands noms de la chanson française.

Mais c'est surtout côté musique que se trouve la force de la chanteuse qui ne s'est pas contentée d'une bande son minimale pour accompagner ses textes, bien au contraire.
Les arrangements, principalement électroniques, sont dans l'air du temps et convoquent parfois des rythmes que n'aurait pas reniés Stromae ("Tristesse"). Mais se limiter à cette comparaison serait faire fausse route car la chanteuse est également passionnée par les sons de synthés des années 80 (krautrock et synthwave) et ça se ressent sur des morceaux comme "Suffisamment", " Mon corps" et "La Fontaine de Sang" où les sonorités de synthés vintages sont omniprésentes.

En faisant le lien, dans ses textes et sa musique, entre différentes époques, des années 60 à aujourd'hui, l'album de Zaho de Sagazan est un vrai tour de force.
 

 




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