Sprints - "Letter To Self"
Amoureux du rock, vous voilà rassurés, il est toujours là et bien vivant, il n'y a qu'à voir le nombre de groupes post-punk qui émergent régulièrement de l'autre côté de la manche.
Les jeunes irlandais de Sprints, menés par la chanteuse et compositrice Karla Chubb, viennent nous le prouver une nouvelle fois avec un album explosif.
Le plan
est souvent le même : couplets un peu parlés sur un riff de guitare palm-
muté avec une section rythmique assez soft, un prérefrain qui fait
doucement monter la tension puis un refrain où batterie et guitares
explosent sur un riff différent.
Classique soit, mais quelle efficacité, quel chant, quelle énergie ! Ca déménage souvent, ça hurle parfois, ça fait du bien tout le temps.
Attention, on n'est pas dans le bourrin incontrôlable, plus dans le lâcher prise maîtrisé et thérapeutique,
Il
y a des chansons mantriques ("Heavy", "Ticking"), mais aussi des choses
plus mélodiques ("The Shadow Of A Doubt") ou mélancoliques ("Shaking Their Hands")
Un coup de cœur assurément.
Peter Gabriel - "i/o"
Après plus de 20 ans d'une gestation interminable, maintes fois annoncé maintes fois repoussé, Peter Gabriel sort enfin son dixième album "i/o".
Le disque
s'ouvre sur "Panopticom" et, dès les premières secondes d'écoute, un effet
"madeleine de Proust" s'installe instantanément : ce son, cette voix... Voilà
qui nous replonge à la fin des années 80. Le prog-rock luxueux de Peter
Gabriel n'a pas pris une ride et on est heureux de constater que les fidèles Manu Katche et Brian Eno
sont toujours de la partie.
"i/o" est un album
généreux et intemporel donc qui plaira aux fans ravis de retrouver cette
production parfaite et cette voix intacte malgré ses 73 ans notamment sur les émouvants "Playing For Time" et "Four Kinds Of Horses".
D'autant plus généreux que Peter Gabriel propose deux versions de chaque morceau : une version
"Bright Side" et une version "Dark Side". Les différences entre les deux sont très subtiles, il ne faut pas s'attendre à une ambiance malaisante sur les versions "Dark" : réverbe, équalisation vont être poussés différemment mais les arrangements sont identiques même si certains instruments vont être mis
plus ou moins en avant selon le mix.
Un album de retrouvailles parfait : les excellents "i/o" et "Panopticom" ainsi que le très original "The Court" nous font regretter la lenteur de production de cette légende du rock.
King Gizzard And The Lizard Wizard - "The Silver Cord"
Le groupe australien King Gizzard (pour faire court) marche au défi ou au concept.
Depuis 13 ans et 25 albums studio (le record étant pour l'instant de 5 albums en 2017 et en 2022), le groupe explore le rock
psychédélique avec comme credo de ne pas se donner de limite dans la
créativité et dans le style, n'hésitant pas à faire le grand écart entre
folk acoustique, musique orientale et rock pur et dur.
Pour
ce nouvel album, ce sont les synthés qui sont à l'honneur et le
résultat est à la hauteur de leur démesure, ce type d'instruments leur permettant d'explorer les
sonorités les plus étranges.
Mais King Gizzard étant avant tout
un groupe d'entertainers, il se fait plaisir mais aime surtout donner du
plaisir. Chaque morceau est donc l'occasion d'une euphorie calculée qui
ne bascule jamais dans l'avant-garde contemplative.
Dans ce nouvel opus,
synthés et vocoder ("The Silver Cord") prédominent donc et, avec ses beats
electros, on est même parfois très proche de la musique qui se danse
façon techno ("Gilgamesh", "Set").
Cerise sur le gâteau, chaque morceau est présenté dans une version complète et une
version courte. Chacun y trouvera donc son compte. Les adeptes du groupe
préféreront les versions longues (plus structurées avec des phases
musicales bien distinctes) et les néophytes pourront eux découvrir l'album
avec les versions tronquées.
Encore un concept parfaitement maîtrisé !
Bar Italia - "The Twits"
C'est le groupe de rock indé qui a fait sensation l'an dernier. Le jeune trio londonien a sorti deux albums en 2023 dont l'acclamé "The Twits".
Articulé
autour de guitares au son assez brut, musicalement l'album est du rock
assez classique, tout à fait typique des productions de la fin des années
90's.
Mais c'est son duo de chanteurs, homme et femme, aux voix traînantes et un peu atones qui donnent vraiment
l'identité au groupe.
Parmi les morceaux qui sortent du lot, citons "Worlds Greatest Emoter", avec ses faux airs de chanson des Strokes, le radioheadesque "Real House Wibes (Desperate House Vibes)" et l'accrocheur "My Little Pony".