10 févr. 2024

Du rock au programme avec Sprints, Bar Italia, Peter Gabriel et les inusables King Gizzard

Sprints - "Letter To Self"

Amoureux du rock, vous voilà rassurés, il est toujours là et bien vivant, il n'y a qu'à voir le nombre de groupes post-punk qui émergent régulièrement de l'autre côté de la manche.
Les jeunes irlandais de Sprints, menés par la chanteuse et compositrice Karla Chubb, viennent nous le prouver une nouvelle fois avec un album explosif. 
Le plan est souvent le même : couplets un peu parlés sur un riff de guitare palm- muté avec une section rythmique assez soft, un prérefrain qui fait doucement monter la tension puis un refrain où batterie et guitares explosent sur un riff différent. 
Classique soit, mais quelle efficacité, quel chant, quelle énergie ! Ca déménage souvent, ça hurle parfois, ça fait du bien tout le temps. 
Attention, on n'est pas dans le bourrin incontrôlable, plus dans le lâcher prise maîtrisé et thérapeutique, 
Il y a des chansons mantriques ("Heavy", "Ticking"), mais aussi des choses plus mélodiques ("The Shadow Of A Doubt") ou mélancoliques ("Shaking Their Hands") 
Un coup de cœur assurément.
 

Peter Gabriel - "i/o"
 
Après plus de 20 ans d'une gestation interminable, maintes fois annoncé maintes fois repoussé, Peter Gabriel sort enfin son dixième album "i/o".
Le disque s'ouvre sur "Panopticom" et, dès les premières secondes d'écoute, un effet "madeleine de Proust" s'installe instantanément : ce son, cette voix... Voilà qui nous replonge à la fin des années 80. Le prog-rock luxueux de Peter Gabriel n'a pas pris une ride et on est heureux de constater que les fidèles Manu Katche et Brian Eno sont toujours de la partie. 
"i/o" est un album généreux et intemporel donc qui plaira aux fans ravis de retrouver cette production parfaite et cette voix intacte malgré ses 73 ans notamment sur les émouvants "Playing For Time" et "Four Kinds Of Horses".
D'autant plus généreux que Peter Gabriel propose deux versions de chaque morceau : une version "Bright Side" et une version "Dark Side". Les différences entre les deux sont très subtiles, il ne faut pas s'attendre à une ambiance malaisante sur les versions "Dark" : réverbe, équalisation vont être poussés différemment mais les arrangements sont identiques même si certains instruments vont être mis plus ou moins en avant selon le mix.
Un album de retrouvailles parfait : les excellents "i/o" et "Panopticom" ainsi que le très original "The Court" nous font regretter la lenteur de production de cette légende du rock.
 


King Gizzard And The Lizard Wizard - "The Silver Cord"
 
Le groupe australien King Gizzard (pour faire court) marche au défi ou au concept.
Depuis 13 ans et 25 albums studio (le record étant pour l'instant de 5 albums en 2017 et en 2022), le groupe explore le rock psychédélique avec comme credo de ne pas se donner de limite dans la créativité et dans le style, n'hésitant pas à faire le grand écart entre folk acoustique, musique orientale et rock pur et dur. 
Pour ce nouvel album, ce sont les synthés qui sont à l'honneur et le résultat est à la hauteur de leur démesure, ce type d'instruments leur permettant d'explorer les sonorités les plus étranges.
Mais King Gizzard étant avant tout un groupe d'entertainers, il se fait plaisir mais aime surtout donner du plaisir. Chaque morceau est donc l'occasion d'une euphorie calculée qui ne bascule jamais dans l'avant-garde contemplative. 
Dans ce nouvel opus, synthés et vocoder ("The Silver Cord") prédominent donc et, avec ses beats electros, on est même parfois très proche de la musique qui se danse façon techno ("Gilgamesh", "Set").
Cerise sur le gâteau, chaque morceau est présenté dans une version complète et une version courte. Chacun y trouvera donc son compte. Les adeptes du groupe préféreront les versions longues (plus structurées avec des phases musicales bien distinctes) et les néophytes pourront eux découvrir l'album avec les versions tronquées. 
Encore un concept parfaitement maîtrisé !
 




Bar Italia - "The Twits"

C'est le groupe de rock indé qui a fait sensation l'an dernier. Le jeune trio londonien a sorti deux albums en 2023 dont l'acclamé "The Twits".  
Articulé autour de guitares au son assez brut, musicalement l'album est du rock assez classique, tout à fait typique des productions de la fin des années 90's.
Mais c'est son duo de chanteurs, homme et femme, aux voix traînantes et un peu atones qui donnent vraiment l'identité au groupe.
Parmi les morceaux qui sortent du lot, citons "Worlds Greatest Emoter", avec ses faux airs de chanson des Strokes, le radioheadesque "Real House Wibes (Desperate House Vibes)" et l'accrocheur "My Little Pony".