28 sept. 2019

L'âme de Thom Yorke

Retour sur les ondes après un été marqué par de très bons albums.

On commence par "Anima" de Thom Yorke. On a souvent reproché aux précédents albums de Thom Yorke d'être de formidables OVNI musicaux mais de manquer un peu d'émotion. Avec Anima, le chanteur de Radiohead réussit à maintenir sa créativité tout en insufflant ce petit supplément d'âme (Anima en latin) qu'il manquait via un chant et des mélodies largement au niveau de ce qu'il a pu nous offrir avec Radiohead. Jeter une oreille aux formidables morceaux que sont "Traffic", "Dawn Chorus" et "The Axe" et vous serez convaincus.


Après "Anima", petit détour par "Animals" des Pink Floyd. On est loin de l'actualité avec cet album sorti en 1977 (bien qu'il n'ait pas pris une ride). Roger Waters est à la manoeuvre et compte bien casser l'image "intellectuelle", que lui a collé le mouvement punk à l'époque, en prenant une tournure plus rock et plus politique. Le concept de l'album reprend en effet la critique sociétale dressée dans le livre "La ferme des animaux" de George Orwell, les cochons symbolisant la bourgeoisie, les chiens qui contrôlent le peuple avec agressivité et les moutons qui obéissent sans réfléchir. Un livre à lire avant l'écoute attentive de l'album.



Retour en 2019 avec "King's mouth" des Flaming Lips. Le groupe de rock psychédélique américain revient avec un album cohérent après plusieurs années où leurs délires créatifs ont parfois étouffé une réelle recherche constructive.
"King's mouth" est construit comme un album concept où les chansons sont entrecoupées d'intermèdes musicaux et d'une narration assurée par Mick Jones, l'ancien chanteur des Clash. Si les chansons ont parfois des airs de déjà entendus dans leur répertoire (il faut dire que la voix presque "enfantine" du chanteur est très caractéristique), et même si on est loin des sommets atteints par leurs albums "The Soft Bulletin" en 1999 ou "Yoshimi" en 2002, l'ensemble de l'album s'écoute avec plaisir et réserve même quelques moments forts comme le très rock progressif "Electric Fire".



Un roi en cachant un autre, refaisons un tour dans le passé avec King Crimson et leur légendaire premier album "In the court of the Crimson king". Sorti en 1969, le disque tient son succès tout aussi bien de sa pochette (qu'on peut qualifier au minimum de bizarre) que de sa musique étrange et novatrice pour l'époque avec des morceaux parfois déstructurés qui semblent presque improvisés. Le disque fait non seulement partie des tout premiers albums de rock progressif mais il est aussi remarquable par son interprétation technique, ses incursions dans le jazz, certains morceaux semblant tout simplement être joués en accéléré.



Impossible de terminer cette revue musicale sans évoquer "Tasmania" de Pond, groupe australien intimement lié avec Tame Impala puisque les 2 groupes ont 3 membres en commun. Après l'énormissime chanson "Waiting Around For Grace" sortie en 2015 et le non moins réussi album "The Weather" sorti en 2017 et ses "30000 Megatons", l'album "Tasmania" est dans la continuité, à savoir un cocktail de rock psychédélique joyeux où synthés déchainés et voix reverbérées s'entremêlent. Un exemple avec "Daisy", la chanson (la seule ?) qui sort indéniablement du lot de cet album bien barré.