L'Impératrice - Tako Tsubo
3 ans après son premier album, le groupe français L'impératrice
revient. Dès les premiers morceaux, on retrouve avec plaisir
l'ambiance pop-disco du groupe, basse qui groove, synthé et guitare
funk.
Si, au niveau du son, on navigue en territoire familier, le disque
s'avère plus intime et personnel que leur précédent opus à travers
des paroles en français à l'écriture parfaitement maîtrisée.
La chanteuse nous amène dans son doux chagrin avec des textes à la
signification obscure, jouant volontairement sur les mots. Elle se
justifie même dans la chanson "L'équilibriste" : J'ai fait l'amour à
mes névroses / Je les ai couchées sur la page / Dessus dessous /
C'est un couplet que je compose / Mais mis bout à bout / C'est joli
mais c'est flou / Les rimes on s'en fout / J'ai peur de trop forcer
la prose / Je ne sais pas parler de tout
L'album se termine par un hommage à Berger (et aussi un peu
aux Beatles) avec la reprise de "Tant d'amour perdu" qui nous
rappelle que lui aussi savait faire groover la chanson française.
Raphaël - Haute Fidélité
On ressort de la première écoute de cet album avec une impression
d'étrangeté. Enregistré en home-studio, le chanteur n'a pas fait
dans la facilité : on est loin du classique couplet-refrain et les
textes résonnent comme des cadavres exquis.
Il faudra plusieurs écoutes pour apprécier cet univers, sa beauté et
sa complexité un peu élitiste, ce son rock ; plusieurs écoutes pour repérer ces
paroles un peu floues mais dont chacun saura s'approprier le sens et
qui au final touchent au but.
Entouré par des invités talentueux (Arthur Teboul de Feu! Chatterton
sur plusieurs morceaux, Clara Luciani, Pomme...), ce disque est une
excellente surprise.
King Gizzard & The Lizard Wizard - L.W.
Le groupe de rock psychédélique sort son 17ème album en à peine 10
ans quelques mois après "K.G." dont il est la suite directe. En plus d'être extrêmement productifs, les
australiens sont de véritables touche-à-tout (rock progressif, folk,
jazz, soul, metal). Sur cet album, ils ont eu la bonne idée de se faire fabriquer des
guitares avec des décalages de case par quart de ton (au lieu de demi-ton) ce qui permet de composer des musiques dont l'oreille
occidentale n'est pas coutumière. Et pour le coup, le résultat sonne
rock garage oriental !
Aussi surprenant que ça paraisse, l'album est au final très
accrocheur grâce à ce mélange original et, sur certains morceaux,
les deux mondes sont en totale symbiose, principalement lorsque la
mélodie du chant arrive à s'éloigner de celle des guitares comme sur
"Supreme Ascendency" et surtout sur l'incroyable "Static
Electricity".
On ne peut qu'être admiratif devant tant d'audace même si on sent
que, en prenant plus leur temps, le groupe pourrait sortir des
disques encore meilleurs. Mais on ne peut pas quand même leur reprocher d'avoir choisi l’originalité et la
spontanéité comme credo .
Lennon - Plastic Ono Band
En 1970 sortait le premier véritable album solo de John Lennon,
quelques mois après la séparation des Beatles.
D'une beauté crue,
simple et sans orchestration superflue (guitare, basse batterie et
piano tenus principalement par lui et ses amis Ringo Starr et Klauss
Voorman), cet album allait permettre à Lennon d'exorciser sa peine
et ses désillusions : la mort de sa mère, le star system, les hiérarchies sociales ... Et bien sûr son amour pour Yoko.
Tout
juste sorti d'une thérapie par le cri, les textes et
l'interprétation du chanteur sont poignants, vous prennent aux
tripes et en font le meilleur album de l'ex-Beatles et tout
simplement un des meilleurs albums pop-rock.
Un peu plus de 50 ans après sa sortie, Yoko nous en ressort une
version "Ultimate Mixes" qui n'apporte pas grand chose par rapport à
la version originale, augmentée des singles "Give peace a chance",
"Cold turkey" et "Instant Karma!" enregistrés à la même période mais
qui n'ont rien à voir avec le projet libérateur de l'album.
Tout l'intérêt de cette réédition réside dans les nombreuses prises
alternatives et les en particulier les "Evolution Mixes" qui
permettent de découvrir l'évolution de chaque morceau et nous plonge
au coeur de l'enregistrement grâce aux multiples discussions en
studio entre les musiciens sur l'interprétation ou la direction à
prendre.
Un vrai régal pour les fans !
On n'en parle pas trop :
La Femme - Paradigmes - Alors que c'est pourtant toujours à peu près
la même recette (ou peut-être parce que c'est toujours la même
recette justement), on n'accroche pas plus que ça au dernier album du groupe
qui semble s'être encore un peu plus perdu dans le second degré.