Hallelujah : la pop-rock anglaise est toujours active et inspirée !
Gaz Coombes vient en effet de sortir son nouvel album, « Turn the Car Around », prêt de 5 ans après l’excellent « World’s Strongest Man », qui apparaissait déjà comme un disque mature, brillant et destiné à rester dans les oreilles. La gueule d’ange British, qui a pris le risque de tester un nouveau chemin après presque 20 ans de bons et loyaux services avec Supergrass, creuse son sillon avec style, abnégation et modestie. A l’occasion d’un concert accompagnant sa tournée de release de l’album précédant, Chris et Thom (la section rythmique de Pluto Intelligence Agency, NDLR) avaient bu une bière avec lui à la sortie d’un concert New Yorkais... Peut-être une exception à la règle, mais ce type – né dans les années 70 (comme pas mal d’entre nous) – n’a pas la grosse tête et se fait plaisir avec sa musique sans trop se soucier (apparemment) du reste, et c'est sympa de voir qu'il y a des types aussi cool dans la musique...
[Chris et Thom (avec des lunettes: facile) de Pluto Intelligence Agency avec Gaz Coombes, New York, NY, 2018]
Entouré de pas
mal d’auxiliaires (en partie son groupe de tournée et des choristes) Gaz Coombes assure
tout de même les vocaux, les guitares, les claviers et pas mal de parties de
basse et de batterie à lui tout seul, sans compter la production, qui apporte
un vernis superbe sur l’ensemble du disque… Enregistré à Oxford (quoi de mieux ?)
« Turn the Car Around », avec ses 9 titres (seulement), est dense et particulièrement
homogène dans le son, dans la voix lead et dans l’ambiance, très seventies. Les
efforts payent tous les étages : les lyrics sont fouillés, le chant est travaillé
et les arrangements font mouche à chaque coup ! A la première écoute,
seuls quelques titres – rythmés – accrochent l’auditeur/trice mais c’est le
signe d’un grand disque : après plusieurs passages, on découvre plein de détails
qui révèlent la qualité d’écriture et d’enregistrement de chaque morceau. Le
style général est moins « rentre-dedans » que son opus précédant (qui
portait son lot de pépites, comme « wounded Egos », « Weird
Dreams » ou « World’s strongest Man ») et on a ici à faire à des
choses plus subtiles, avec de belles balades pop, folk, rock, parfois glam-rock,
toujours avec cette voix si caractéristique et qui se place parfaitement. Le
son, les effets et les arrangements évoquent un beau mélange entre Bowie, les
Beatles, Scott Walker (dont il parle dans « Dance on » et qui lui avait
déjà inspiré « World’s Strongest Man »…) mais aussi Radiohead et Neil
Hannon, pour mixer les générations (et mes propres références).
Tous les titres s’écoutent
et se dévoilent avec plaisir, sans jamais agacer ou lasser, et certains gardent
(encore) une trace Supergrass, comme « Long live the Strange » ou
« Feel Loop », qui a aussi un côté Thom Yorke assez poussé dans le
style de chant et dans le riff de guitare… et le superbe « Turn The Car Around » (avec ses
enchaînements à tiroirs, ses guitares passées dans une leslie bien vintage, son glockenspiel
et son clavicorde !) évoquant plutôt la période « Road to Rouen ».
Pour moi, il y a
deux titres qui surpassent le reste: d’abord « Don’t Say It’s Over »,
avec son rythme nonchalant, sa basse traînante et ses arrangements à la limite
d’un disque de soul: il reste des guitares (superbe solo higain + tremolo,
ambiance sixties garantie !) mais on est noyés dans une reverb lourde, des
synthés et claviers très 70s (piano surcompressé, string-machines, mellotron)
et le morceau est vraiment porté par son chant très réussi et soutenu par des chœurs
féminins superbes…
Enfin, « Dance On » est exactement le titre qu’on pouvait attendre à la fin d’un disque aussi réussi : ça commence (et ca fini !) comme une belle ballade folk - genre Macca période Wings - à la guitare acoustique et à la ligne de basse haut perchée et mélodique mais les refrains changent la donne avec grosses guitares, nappes de strings (mellotron ?) et surtout des changements d’accords particulièrement originaux. Assurément ma préférée...
L’ex leader de
Supergrass signe peut être ici son meilleur opus solo, superbement réalisé et
arrangé: ça reste serré, ca déborde jamais, c’est même presque intime et
chaque titre accroche les oreilles comme il faut. Merci Gaz, we love you:
long live Gaz Coombes!
Très belle critique Etienne
RépondreSupprimermerci Damien!
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