4 oct. 2008

Radiohead - In rainbows : première critique

un grand mot sur le dernier Radiohead, sorti officiellement ce matin...
Une partie de l’album vient en fait de sortir (plusieurs titres supplémentaires viendront avec la version coffret en décembre) et voici ma première impression, à chaud, de ce disque, attendu depuis 4 ans maintenant. Le style général est dans la droite ligne d’une suite de Hail To The Thief, mais on aurait pu s’attendre à plus d’électronique et de côté «épuré». L’album est très homogène, parfois trop, et, même s’il est trop tôt pour le dire vraiment, il n’a rien à envier à OK Computer ou Kid A….


15 STEP ouvre l’album avec des rythmiques électroniques qui rappellent comme souvent tout au long des 10 titres  l’ambiance de «The Eraser», l’album solo de Yorke, sorti l’été dernier; à la différence de ces morceaux, 15 STEP s’enrichit vite de guitares (très bien ciselées et très pop) et de petites trouvailles (synthés, chœurs d’enfants, samples, batterie affolée) qui oxygènent le morceau. La basse arrive bien plus tard et les descentes de manche de Colin vont faire groover un peu le tout. C’est un bon morceau, tout à fait dans la lignée des titres de Hail To The Thief et de The Eraser…


BODYSNATCHERS est très rock! à première impression j’ai vraiment cru entendre un titre des Beatles à cheval entre la période singles de Sgt Peppers et période Double Blanc, remixé en 2007… les guitares sont sauvages et seuls les synthés (onde Martenot??) vrillés et bourrés de tremolos nous rappellent que Jonny est à l’orchestration. Très bien construite, elle évolue dans le temps, un peu à la manière de «2+2=5». En live, elle déchire les oreilles assurément! mention spéciale aux riffs de basse qui grondent dans le ventre et au son de la guitare de Jonny, qui hurle de partout, incontrôlable: on est rappelé vers le son de «Just», sur The Bends…


NUDE a changé de nom… Big Ideas, vieux titre qui se ballade dans les tiroirs du groupe, comme dans leur concerts, depuis plus de 10 ans. Déjà entendue donc, mais quelle mise en valeur!! Gageons que c’est cette version studio qu’on retiendra à l’avenir. Le groupe accouche ici d’une ballade superbement fignolée, avec petite batterie jazzy, 245 pistes de chœurs, des cordes (très très rare chez Radiohead, surtout dans cette utilisation presque normale....!) et un mixage impeccable. Elle sonne parfaitement, belle comme une musique de générique de film…on en attendait pas moins après toutes ces années !


WEIRD FISHES_ARPPEGI… encore une qui change de nom régulièrement et dont l’ambiance s’affirme au fil des versions (la première était avec un orchestre symphonique…). Elle est sûrement la plus belle de cet album! Tout ce que Radiohead sait faire y est concentré: arpèges (bien sur!) de guitares, puis de pianos ou de toy-piano (qui rappelent Bjork, période Vespertine), arpègiator, onde Martenot, chœurs multiples, synthés planants, batterie très serrée et très juste, basse au riff: tout est mis en place comme dans une pyramide musicale. L’ensemble monte progressivement, se cherche, se permet des blancs, des ponts, des côtés sombres et ce titre apparaît comme une réussite de rock progressif (avec une construction qui n’a rien à envier à Paranoid Android par exemple…) dont la trame est moins évidente qu’il n’y parait et dont la rythmique (pendant plus de 5min) est plus qu’énergique. Du Radiohead que personne d’autre ne saura faire!!


ALL I NEED commence (trop) classiquement par une rythmique electro super standard et on voit se profiler un titre qui  à première vue  va sonner très commercial: ballade mélo bourrée de sons Greenwoodiens typiques (encore ces synthés chorusés à fond) et petite mélodie en mineure… mais après plus de 2min de musique (presque) sous-Radioesque - réussie quand même -  tout explose!! quelle réussite, quelle maitrise!! quelques accords de piano et le morceau décroche! la batterie est saturée et les cymbales emplissent très vite l’air: les chœurs et les synthés remplissent les dernières touches libres dans les oreilles et on gravite à 10kms au dessus du sol; ca sonne comme du vieux Sigur Ros, chose exceptionnelle pour Radiohead, qui freine souvent quand il s’agit de faire de la musique «sonique». Cette deuxième partie est un vrai plaisir (quoique bien trop courte à mon gout!) ou toute note va finir par mourir, tuée par la reverb énorme!... bonne surprise car c’est de toute façon un excellent titre, mais surtout, de mon point de vue, c’est pas vraiment du radiohead post Hail To The Thief classique qu’on entend là, et ca fait du bien de voir qu’ils peuvent jouer aussi du post-rock à la Mogwai de temps en temps .


FAUST ARP reste dans ce style  pas vraiment téléphoné pour radiohead -. Ici on allonge une ballade guitare et violons. La mélodie surprend aussi dans la bouche de Thom Yorke, mais décidément il sait tout faire ce garçon… Certaines notes jouées par l’orchestre, parfois orientalisant, rappellent les riffs de Airbag, ce qui, 10 ans après, montrent que malgré tout, les mêmes notes tournent dans leurs têtes. Encore une belle surprise.


RECKONER, comme 15 STEP, fait largement écho à The Eraser et, dans une certaine mesure, à Hail To The Thief. J’accroche un peu moins, malgré la maîtrise du chant et des chœurs. La batterie, de nouveau très typée, imprime un rythme parfait et le pont arrive comme une fleur… A noter qu’il y a encore un orchestre de violons dans le morceau: ces cordes mettent en relief le côté «mineur» mais sans grande originalité…


HOUSE OF CARDS est l’une des plus longue du disque, ou finalement les titres sont assez courts pour du Radiohead. Même formule que pour ALL I NEED: ballade gentille rythmée comme un titre commercial, avec cordes et méga reverb. Les riffs de guitare et surtout le son de cette guitare sont très réussis, tout comme l’orchestration, très travaillée, qui rappelle un travail typiquement «Godrichien»… Bien, mais sans plus pour moi.


JIGSAW FALLING INTO PLACE, très rock, avec des accords aux relants de Paranoid, de Wolf At The Door et une rythmique à la I Might Be Wrong. Ca swinge! c’est particulièrement réussi, avec de bons breaks, une voix qui est pourtant parfois limite, très bel enrobage musical, belles guitares… C’est un morceau pop typique de radiohead, mais on l’avait pas encore…


VIDEOTAPE termine l’album avec une certaine émotion, ça sonne un peu «chant du cygne» et les dernières notes résonnent encore après la fin du morceau. Les paroles font de manière évidente référence à un testament (video) et à une mort ou disparition imminente (suicide ? ca serrait pas la première chanson de radiohead à en parler)… Je serrai moins objectif sur celle-là; je la connais depuis longtemps et elle est ma préférée dans ce style de ballades/ritournelles souvent dénudées en instruments («How I Made My Millions», «I Want None Of This»….  signature Thom Yorke à 100% -) et où la trame chantée porte littéralement la mélodie, même si le piano apporte bien souvent un soutien appréciable, pour renforcer les silences de la voix. C’est de nouveau le cas ici; les versions live ne laissaient pas supposer que ce titre studio serrait si épuré: un piano (3 accords qui tournent en boucle), une basse discrète, et la voix sans effets de Thom Yorke. Tout se met en place doucement mais sûrement, avec un refrain lancinant et accrocheur, des chœurs superbes et un clic de batterie (fin d’attaque de caisse claire + grosse caisse) qui vient se mettre à tourner en boucle lui aussi, avec un écho (doublé au milieu) dont le feedback va suivre une courbe de Gauss tout au long du titre. Cette rythmique quasi-austère est déroutante à première écoute mais c’est la signature d’un morceau Radiohead et elle colle parfaitement. Le ‘pont acoustique’ de la fin voit l’apparition de plusieurs couches rythmiques supplémentaires (des charlests et des clics) qui vont eux aussi subir l’écho: ceci contribue à donner un relief au titre qui termine et commence de la même façon. Le côté ritournelle mélancolique est porté par le piano et la mélodie mais aussi par les chœurs qui se permettent des variations, alors que tout le reste est linéaire… Enfin les lyrics apportent la tristesse si caractéristique à certaines chansons de Thom Yorke; On aime (beaucoup) ou on déteste, mais ce titre ne laisse pas indifférent… Il se détache un peu du reste et c’est ce qui le met en valeur, surtout après l’écoute du reste de l’album…



No matter what happens now, You shouldn't be afraid, Because I know today has been the most perfect day I've ever seen .

(Etienne / oct 2008)

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