Renaud fait partie de ces artistes incontournables de la variété française. Même s'il divise bien sûr, de part son engagement marqué à gauche notamment, il est de ceux tout le monde connaît au moins une chanson.
C'est un pote de lycée, Matthieu, qui m'a réellement fait découvrir son univers. Je connaissais bien évidemment quelques morceaux de Renaud, on en entendait parler régulièrement à la télé, à la radio.
A l'époque, impossible de passer à côté de chansons comme "Miss Maggie", "Morgane de toi", "La Mère à Titi", "Dès que le vent soufflera" ou "Marchand de Cailloux".
Retour au début des années 90.
Un mercredi après-midi, chez lui, Matthieu propose de me concocter une compilation de ses chansons préférées de Renaud. Il met une cassette dans sa chaîne HI-FI et y enregistre un à un une quinzaine de morceaux, enchaînant les vinyles sur la platine, tout en riant.
"Ah faut absolument que je te mette celle-là ! Et celle-ci ! Et puis celle-là !". On voyait qu'il connaissait son répertoire par cœur et prenait un malin plaisir à sélectionner ces petites perles.
Je ne me souviens pas précisément bien sûr de tous les titres qui figuraient sur cette bande mais il y avait principalement des chansons peu connues (pour moi en tout cas) du chanteur comme "Je suis une bande de jeunes", "Le Père Noël noir", "Ma chanson leur a pas plu", "La Doudou s'en fout", "Allongé sous les vagues", "La tire à Dédé"... Des chansons "humoristiques" en majorité donc.
La cassette a tourné de nombreuses semaines dans ma chambre à l'internat, pour le plus grand (réel) bonheur de mes "copains de chambrée", et a accompagné les trajets en voiture de plusieurs de nos vacances en famille. Rien de tel pour mettre de l'ambiance sur les longues distances !
Une magnifique découverte donc. Ce n'est pas peu dire que Renaud sait faire rimer les mots comme personne. On trouve dans ses textes un vocabulaire qu'on ne trouve pas ailleurs dans la chanson française, sans parler bien sûr de toutes les expressions argotiques qu'il affectionne plus que tout.
Des textes souvent drôles mais surtout très engagés avec un regard critique sur la société française et l'être humain de manière générale. Rien de tel pour forger les convictions d'un adolescent en quête de sens.
Et, je ne sais pas pourquoi, mais ce sont les quelques extraits de l'album live de Renaud à Bobino qui m'ont interpellé et donné envie d'acheter l'album complet pour l'écouter en détails.
J'ai par la suite complété ma collection de ses albums jusqu'à en avoir l'intégralité avec des hauts ("Putain de camion" pour ne citer que celui-là) et des bas (doit-on vraiment évoquer ses derniers albums sur ce blog) comme chez tout artiste.
Quand on écoute Renaud, on rit, on pleure, on se révolte, on se résigne, on est attendri, écœuré... il se passe toujours quelque chose.
Mais c'est sans conteste vers ce live à Bobino que je reviens toujours.
Enregistré en 1980, avant ses superproductions "Morgane de toi" et "Mistral Gagnant", il y règne tout ce qui fait le charme de la première période de Renaud, ce qu'on appelle communément sa période "loubard" : une simplicité, un petit côté bricolé, des arrangements plus épurés, des textes plus directs, un regard tendre sur la vie en banlieue parisienne, et une galerie de personnages dont certains vont devenir récurrents dans sa discographie.
Sur scène, Renaud et ses musiciens vont réussir à monter d'un cran les versions studios de ses premiers albums.
Les guitares électriques apportent l'intensité qu'il manquait parfois sur des titres comme "Société tu m'auras pas" ou "Dans mon HLM", l'accordéon de Jean-Louis Roques sa touche d'émotion sur "Les charognards" ou "La chanson du loubard", et le pedal-steel guitar (assez inhabituel dans son répertoire) de Laurent Jérôme va faire le liant entre tous ces morceaux issus de différents albums. Et pour finir, Renaud vit comme jamais chacun de ses textes.
Certains morceaux assez anecdotiques (comme "Mimi l'ennui" ou "Baston!") vont prendre une toute autre dimension ici, dans l'écrin du théâtre de Bobino parfaitement adapté à ce répertoire et à une ambiance plus intimiste.
Au début des années 1980, alors qu'il s'apprête à devenir une star, rongée bientôt par son coté "docteur Renard", l'authenticité qui règne dans ce concert à Bobino en fait un disque idéal pour se plonger dans l'univers de Renaud.
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