22 mai 2025

Des jeunes et des anciens avec Brian d'Addario, Snow Patrol, Poni Hoax et Pink Floyd

Brian d'Addario - "Till The Morning"

Brian d'Addario n'est autre qu'une moitié de The Lemon Twigs, groupe américain rétro-psychédélique qu'il mène avec son frère Michael.
Après deux albums coup sur coup en 2023 et 2024, on était curieux de découvrir ce qu'il avait à proposer pour son premier disque en solo.
Finalement le résultat est très proche de l'ambiance musicale des derniers opus réalisés en groupe : un son acoustique très seventies et des mélodies pop.
Guitares, pianos, orgues, cordes s'entrecroisent dans une ambiance hippie au gré de belles harmonies vocales comme "Only To Ease My Mind", "Useless Tears" ou "Spirit Without A Home".
Une production soignée qui fait du bien aux oreilles.


Snow Patrol - "The Forest is The Path"

Avec trente ans de carrière et des tubes en pagaille, Snow Patrol est de retour avec un huitième album "The Forest is The Path".
Et le bilan est sans appel : ils n'ont pas pris une ride !
Toujours cette musique pop-rock fraîche et efficace, toujours ces arrangements avec dominance piano-guitare.
Ceux qui voudront que Snow Patrol mûrissent et partent dans une nouvelle direction devront donc patienter un peu.
Même s'ils ne prennent pas de risque, "The Forest is The Path" offre d'excellents moments comme "The Beginning" où le chanteur montre l'étendue de son talent entre couplets en retenue et refrain qui monte en puissance, ou comme sur le final en boucle de "Never Really Tire"...
Sorti en 2024, l'album revient cette année en version étendue avec six morceaux supplémentaires qui tiennent plus que bien la route.



Poni Hoax - "Greatest Hits: Everything Is Real"

C'est le plus injustement méconnu des meilleurs groupes français de ces vingt dernières années. Quatre ans après la mort de Nicolas Ker, son chanteur emblématique, Poni Hoax sort un best of qui permet de nous replonger dans la discographie du groupe.
Cette rétrospective rassemble les tubes de leurs débuts ("Antibodies", "Budapest") et des classiques de leurs albums suivants ("Pretty Tall Girls", "The Music Never Dies") mais aussi deux excellents inédits ("Country Leather" et "Jesus Told Me Too").
A l'écoute de ces chansons dont le style est difficile à établir (rock, électro...), on est toujours autant ébahis par l'originalité des compositions (qui tient beaucoup à l'interprétation de Nicolas Ker) mais aussi par leur énergie impulsée par un batteur techniquement impressionnant et des guitares rythmiques diablement efficaces.
Si vous ne connaissez pas encore Poni Hoax, courrez les écouter.




Pink Floyd - "Live at Pompeii"

Étonnamment ce légendaire live des Pink Floyd à Pompéi n'était jamais sorti en version album.
C'est chose faite à l'occasion de la sortie au cinéma d'une version restaurée du film et de la remasterisation du son qui l'accompagne.
On y retrouve toutes les chansons jouées en condition de live et figurant dans le film à savoir les trois titres enregistrés à Pompéi ("Echoes", "A Saucerful of Secrets" et "One of These Days") et les trois enregistrés au studio d'Abbey Road ("Careful with That Axe, Eugene", "Set the Controls for the Heart of the Sun" et "Mademoiselle Nobs") mais aussi deux versions alternatives de "Careful with That Axe, Eugene" et "A Saucerful of Secrets".
Enregistré et filmé en 1971, Pink Floyd est alors à une époque charnière de sa carrière. A l'apogée de sa période psychédélique, le groupe vient de sortir l'album "Meddle" avec comme pièce maîtresse "Echoes" qui s'annonce comme un avant goût de leur futur chef d’œuvre "The Dark Side of The Moon" qui définira définitivement le son Pink Floyd.
Le groupe est en pleine maîtrise et chaque morceau est prétexte à de longs solos instrumentaux épiques et planants.
Même si ce live se savoure encore mieux avec les images, on ne peut qu'être satisfait du travail de remasterisation effectué sur ce concert incontournable des Pink Floyd.




4 mai 2025

Les disques qui m'ont marqué #8 : Renaud à Bobino

 

Renaud fait partie de ces artistes incontournables de la variété française. Même s'il divise bien sûr, de part son engagement marqué à gauche notamment, il est de ceux tout le monde connaît au moins une chanson.

C'est un pote de lycée, Matthieu, qui m'a réellement fait découvrir son univers. Je connaissais bien évidemment quelques morceaux de Renaud, on en entendait parler régulièrement à la télé, à la radio.
A l'époque, impossible de passer à côté de chansons comme "Miss Maggie", "Morgane de toi", "La Mère à Titi", "Dès que le vent soufflera" ou "Marchand de Cailloux".

Retour au début des années 90.
Un mercredi après-midi, chez lui, Matthieu propose de me concocter une compilation de ses chansons préférées de Renaud. Il met une cassette dans sa chaîne HI-FI et y enregistre un à un une quinzaine de morceaux, enchaînant les vinyles sur la platine, tout en riant.
"Ah faut absolument que je te mette celle-là ! Et celle-ci ! Et puis celle-là !". On voyait qu'il connaissait son répertoire par cœur et prenait un malin plaisir à sélectionner ces petites perles. 

Je ne me souviens pas précisément bien sûr de tous les titres qui figuraient sur cette bande mais il y avait principalement des chansons peu connues (pour moi en tout cas) du chanteur comme "Je suis une bande de jeunes", "Le Père Noël noir", "Ma chanson leur a pas plu", "La Doudou s'en fout", "Allongé sous les vagues", "La tire à Dédé"... Des chansons "humoristiques" en majorité donc.

La cassette a tourné de nombreuses semaines dans ma chambre à l'internat, pour le plus grand (réel) bonheur de mes "copains de chambrée", et a accompagné les trajets en voiture de plusieurs de nos vacances en famille. Rien de tel pour mettre de l'ambiance sur les longues distances ! 

Une magnifique découverte donc. Ce n'est pas peu dire que Renaud sait faire rimer les mots comme personne. On trouve dans ses textes un vocabulaire qu'on ne trouve pas ailleurs dans la chanson française, sans parler bien sûr de toutes les expressions argotiques qu'il affectionne plus que tout.

Des textes souvent drôles mais surtout très engagés avec un regard critique sur la société française et l'être humain de manière générale. Rien de tel pour forger les convictions d'un adolescent en quête de sens. 

Et, je ne sais pas pourquoi, mais ce sont les quelques extraits de l'album live de Renaud à Bobino qui m'ont interpellé et donné envie d'acheter l'album complet pour l'écouter en détails.

J'ai par la suite complété ma collection de ses albums jusqu'à en avoir l'intégralité avec des hauts ("Putain de camion" pour ne citer que celui-là) et des bas (doit-on vraiment évoquer ses derniers albums sur ce blog) comme chez tout artiste.

Quand on écoute Renaud, on rit, on pleure, on se révolte, on se résigne, on est attendri, écœuré... il se passe toujours quelque chose.

 

Mais c'est sans conteste vers ce live à Bobino que je reviens toujours.
Enregistré en 1980, avant ses superproductions "Morgane de toi" et "Mistral Gagnant", il y règne tout ce qui fait le charme de la première période de Renaud, ce qu'on appelle communément sa période "loubard" : une simplicité, un petit côté bricolé, des arrangements plus épurés, des textes plus directs, un regard tendre sur la vie en banlieue parisienne, et une galerie de personnages dont certains vont devenir récurrents dans sa discographie. 

Sur scène, Renaud et ses musiciens vont réussir à monter d'un cran les versions studios de ses premiers albums.
Les guitares électriques apportent l'intensité qu'il manquait parfois sur des titres comme "Société tu m'auras pas" ou "Dans mon HLM", l'accordéon de Jean-Louis Roques sa touche d'émotion sur "Les charognards" ou "La chanson du loubard", et le pedal-steel guitar (assez inhabituel dans son répertoire) de Laurent Jérôme va faire le liant entre tous ces morceaux issus de différents albums. Et pour finir, Renaud vit comme jamais chacun de ses textes.
Certains morceaux assez anecdotiques (comme "Mimi l'ennui" ou "Baston!") vont prendre une toute autre dimension ici, dans l'écrin du théâtre de Bobino parfaitement adapté à ce répertoire et à une ambiance plus intimiste.


Au début des années 1980, alors qu'il s'apprête à devenir une star, rongée bientôt par son coté "docteur Renard", l'authenticité qui règne dans ce concert à Bobino en fait un disque idéal pour se plonger dans l'univers de Renaud.