Non, ne
cherchez pas, je ne dirai pas du mal de Pink Floyd…
« The
endless river » n’est pas l’album de l’année, c’est
sûr, mais c’est un album honnête.
Composé
de morceaux issus des sessions de leur album précédent (« The
division bell » sorti en 1994), l’album se veut avant tout un
hommage à Rick Wright, claviériste et compositeur du groupe depuis
leurs débuts dans les années 60, décédé en 2008.
La
pochette de l’album, avec cette barque qui semble, tel Charon,
amener les défunts vers le séjour des morts, traduit bien cette
volonté.
L’hommage
est en tout cas réussi tant les synthés du musicien sont
omniprésents sur cet album. Et l’ambiance générale, très
apaisante, dégage un sentiment de sérénité.
On a
aussi l’impression que les chansons ont très peu été retouchées
depuis 20 ans, car on y retrouve un son assez proche de celui de
« The division bell ».
Autre
aspect honnête du projet, loin de refourguer pêle-mêle les 18
morceaux issus des enregistrements de 1994, l’album est divisé en
4 sous-parties cohérentes, une structure typique de Pink Floyd qui
avait l’habitude de diviser leurs morceaux en
plusieurs « mouvements », comme dans « Atom heart
mother » ou « Ummagumma » par exemple.
Et puis
surtout, dernier point et non des moindres concernant « The
endless river » : quel plaisir de découvrir un nouvel
album de Pink Floyd, un album de rock progressif avec ce « son »
typique du groupe !
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Le visuel de l'album : très explicite... et un peu kitschou |
Bon, OK,
je vais quand même en dire un peu de mal : malgré tous ces
bons points, je n’ai pas accroché plus que ça à l’album.
Dans la
longue carrière des Pink Floyd, je suis un adepte de ce qu’on peut
appeler la période « Gilmour-Waters » qui s’étend de
« Meddle » (1971) à « The wall » (1979) avec
3 albums réellement parfaits : « The dark side of the
moon », « Wish you were here » et « The
wall ». Durant cette période, le groupe est à son apogée :
le son de Pink Floyd est à maturité, grâce notamment au jeu de
guitare caractéristique de David Gilmour, Roger Waters, très
inspiré, apporte, avec ses paroles sombres et torturées, beaucoup
d’émotions aux chansons du groupe.
Même
s’il y a beaucoup d’excellents morceaux dans ce qu’ils ont fait
avant cette période (les jeunes années psychédéliques influencées
par leur premier leader, Syd Barrett) et après (la période sans
Roger Waters, avec Gilmour aux manettes), les albums proprement dits
sont un peu plus inégaux.
« The
endless river » a les défauts de ses qualités. Les chansons
ayant été peu réarrangées depuis les sessions de « The
divison bell », l’album est constitué à 95 %
d’instrumentaux où dominent, quasiment en continu, solos de
guitare sur nappe de synthés, ce qui rend le tout un brin monotone.
Fidèle
au rock progressif, les morceaux se mettent en place doucement, mais
sans jamais vraiment monter en intensité. Il faut ainsi écouter
l’album plusieurs fois pour s’attacher à quelques
titres :
« It’s
what we do » pour le son de synthé tout en douceur
« Skins »
(avec sa suite directe « Sum ») pour sa batterie jouée
en grande partie sur les toms
« Anisina »
pour le mélange et même l’entremêlement de la guitare et du saxo
« Allons-y »
avec sa sonorité très (trop ?) années 90
« Talkin’
Hawkin’ » et sa répétitive mais ensorcelante partie de
piano
Bref,
« The endless river » est un album qui rend un bel
hommage à Rick Wright mais qui, musicalement, laisse un petit goût
d’inachevé.
Les fans
purs et durs de Pink Floyd seront heureux de pouvoir compléter leur
audiothèque avec ces nouveaux morceaux. Les autres trouveront sans
doute l’album un peu ennuyeux.