4 nov. 2014

Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band : des Beatles aux Flamings Lips, une histoire du psychédélisme

L’album « Sgt. Pepper’s Lonely hearts Club Band », sorti par les Beatles en juin 1967 en pleine période hippie, est devenu rapidement un monument du psychédélisme pour plusieurs raisons :
  • Des arrangements musicaux très élaborés, les techniciens des studios Abbey Road ayant réussi l’exploit, à grands renforts d’overdubs, de superposer de nombreuses pistes sans perte de qualité sonore alors qu’à l’époque leurs tables de mixages sont limitées à 4 pistes.
  • L’utilisation d’instruments qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre dans la pop-music tels que clavecins, clarinettes, instruments indiens... et même tout un orchestre classique pour la montée chaotique de « A day in the life ».
  • L’invention de nouveaux effets sonores grâce au détournement complexe d’effets existants.
  • Des paroles originales, parfois surréalistes, jouant souvent sur l’ambiguïté ou le double-sens, plusieurs chansons ayant même été interdites de diffusion radio pour leurs allusions à la drogue (« Lucy in the sky with diamonds », « A day in the life », « Fixing a hole » et « Being for the benefit of Mr Kite! »). On est loin du « She loves you yeah yeah yeah » que les Beatles chantaient 4 ans plus tôt.

 


Depuis, toute la musique pop actuelle s’est construite sur les bases définies par les Beatles.
L'utilisation d'instruments à contre-emploi est devenue monnaie courante.
Les effets sonores sont personnalisables à l’infini en tournant simplement un bouton.
Des chansons relatant des trips sous toutes drogues que ce soient ne choquent plus personne (même « Licence 4 » a abordé le thème du côté festif de l’alcool).
Et de nombreux groupes, encore aujourd’hui, mettent des doses de psychédélisme dans leur musique : Air, MGMT, Tame Impala (pour ne citer qu’eux)… et surtout The Flaming Lips, groupe qui depuis 41 ans poursuit ses explorations psychédéliques en enregistrant des albums toujours plus délirants.
Près de 50 ans plus tard, le côté psychédélique de Sgt. Pepper est donc peut-être un peu moins évident pour ceux qui découvriraient l'album aujourd'hui, tout ce qui était innovant à l’époque étant somme toute assez banal de nos jours.

Et voici que The Flaming Lips, après avoir repris à leur sauce « The dark side of the moon » des Pink Floyd en 2009, ont décidé cette année de dépoussiérer le vieux Sergent moustachu.

Epaulé dans cette tâche par d’autres artistes (dont Moby, Ben Goldwasser de MGMT, Miley Cyrus, et d’autres «fwends»), le groupe a dû se demander comment faire de Sgt Pepper un album psychédélique alors que les contraintes techniques ont quasiment disparu aujourd’hui.
Et la réponse, on la trouve dès la première écoute de l’album : en enregistrant un album complètement barré !
C’est peu dire que l’album est psychédélique : beaucoup d’effets sur les voix, de sonorités étranges, de passages un peu dissonants... c’est vraiment de la folie non-stop.

On pourra peut-être regretter justement que, chaque invité souhaitant sans doute relever le défi de faire un morceau délirant, il manque un peu d’accalmie au milieu de ce déluge. Et on a parfois un peu l’impression que, à trop vouloir se lâcher sur les arrangements farfelus, on en a un peu oublié de mettre en valeur les chansons et celles-ci ne sont pas toujours faciles d’accès pour les néophytes du psychédélisme.

Mais il n’empêche, il y a plusieurs reprises qui valent vraiment le coup : « Lucy in the sky with diamonds » pour ses superbes arrangements sur les refrains qui sonnent comme des feux d’artifice, « Sgt. Pepper (intro) » pour son esprit rock parfaitement préservé (avec en prime un p’tit clin d’oeil à Jimi Hendrix), « Sgt Pepper (reprise) » pour sa fin remaniée dans un style hippie woodstock, et « A day in the life » qui, sans en faire des tonnes, revisite bien ce chef d’œuvre lennonien.

Bref, un album intéressant, étonnant. Les adeptes du psychédélisme et des Flaming lips seront ravis. Les fans des Beatles seront intéressés de voir leurs morceaux préférés transformés, d’autant plus qu’il y a souvent des clins d’oeil aux arrangements originaux de 1967 (comme par exemple les cloches dans « When I’m sixty four »). Pour les autres, ce sera un peu plus dur...

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