26 mars 2011

The Strokes do not strike anymore

Dans un potentiel classement des meilleurs albums de la décennie 2000-2010, il est fort à parier que « Is This It », le premier album des Strokes sorti en 2001 y trouverait une place de choix. Le succès fulgurant qu'a connu le groupe américain dès ses débuts a ouvert la porte à toute une génération de musiciens en herbe qui n'a certes rien inventé ni rien révolutionné mais a permis de remettre le rock au goût du jour.



Après deux autres albums qui n'ont pas confirmé les espoirs placés en eux, « Room On Fire » contenant l'excellent pourtant Reptilia (http://www.youtube.com/watch?v=dtFDi5Dk3mg) sorti en 2003 et « First Impressions Of Earth » en 2006, les Strokes ont décidé de faire une pause en 2007. Chacun y est alors allé de son projet perso, le chanteur Julian Casablancas notamment, beau gosse à l’air de glandeur,  a sorti notamment un album solo très moyen en 2009 alors que le guitariste Albert Hammond Jr a eu le temps de sortir 2 albums très corrects. Alors que l'on doutait d'un retour du groupe sur le devant de la scène, il est finalement entré en studio l'an dernier pour enregistrer « Angles » sorti le 22 mars. Ce 4ème album des Strokes est l'un des albums les plus attendus de l'année même si de l'écriture périlleuse, à la sortie distinguée par l'immonde pochette en passant par l'enregistrement foireux, on pouvait craindre le pire. Cette pochette, sérieusement... J’ai du mal à m’en remettre. D'habitude, les Strokes font dans le classe (First Impressions of Earth et ses bandes blanches), le catchy (Is This It ? et ses fesses nues) ou l'abstrait (Room On Fire), mais jamais dans le moche. Cet escalier de Penrose sort tout droit d'une école primaire. Et le damier en dessous, ce jaune agressif, et puis ces bordures hideuses... Mais l'habit ne fait pas le moine, je me rappelle encore de l'horreur de la pochette de « Congratulations » de MGMT, qui était au final un excellent album, donc ne cédons pas aux a priori.

Le dernier opus des Strokes ne suit aucune ligne directrice et se perd dans un mélange d'idées apportées par les cinq membres du groupe. En effet, alors que Julian Casablancas composait jusqu'à présent toutes les chansons, chaque musicien a cette fois pu proposer ses propres compositions pour ce quatrième disque. Il n'est donc pas étonnant qu'il reflète en tous points la lutte interne régnant chez les Strokes. Mais étonnamment, il n'est pas la catastrophe que l'on était en droit d'attendre. Il est l'album le plus éclectique du groupe, le moins cohérent et le plus court (seulement 10 chansons avec la plus longue faisant 4 min 15 s).

L'album s'ouvre par l'étrange Machu Picchu mélangeant sans complexe rock, reggae et dub. S'ensuit alors Undercover Of Darkness, single de l'album au clip très chic , qui rappelle les premières heures du groupe et qui claque bien.



 Ensuite les new-yorkais délaissent leurs guitares enjouées pour se rapprocher du son électro 80’s si cher à Julian Casablancas sur son album solo : Two Kinds Of Happiness est donc un hybride assez peu réussi. Le résultat est bien meilleur pour You're So right où l’on a l’impression d’entendre du Radiohead et du REM. Taken For A Fool nous prend pour des cons (comme son nom l'indique) dans une parodie des Strokes bien trop fade pour être convaincante. Mais le pire est à venir : dans Games, retour aux tonalités 80's, et une sévère envie de gifler le Julian qui nous ressort ses synthés, venus droit de l'enfer quand c'est pour nous pourrir les Strokes. Call Me Back, plus simple, est plus réussie, mais montre en même temps les limites du chant de Casablancas. Gratisfaction et Metabolism, dont les titres n'étaient pourtant pas de bonne augure, sonnent bien et nous rappellent de quoi ce (grand) groupe est capable. La belle Life Is Simple In The Moonlight, achève de nous en convaincre.
Oui, The Strokes est un grand groupe. Il est vrai qu' « Angles » est un album qui laisse sur sa faim (notamment à cause des belles chansons qui le finissent) parce que trop court. Il est incohérent, part dans tous les sens, mais est ce qu'ils ont sorti de mieux depuis Room On Fire. Cependant, au final, « Angles » se révèle être seulement un album pop-rock de plus à ranger sur l'étagère. Les Strokes ne nous surprennent pas, ne nous touchent pas. On peut sérieusement redouter une séparation du groupe après leur tournée, sauf si celle-ci permet de renouer les liens entre les musiciens. Dans le cas où ils retrouveraient une véritable cohésion, les Strokes pourraient réellement revenir en forme dès l'an prochain car un cinquième album a d'ores et déjà été envisagé.

Damien / mars 2011

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